Les partisans de Bernie Sanders troublent l'ouverture de la convention démocrate, d'investiture de Hillary Clinton, marquée par un nouveau scandale des e-mails La première victime de la publication par WikiLeaks de près de 20.000 e-mails échangés entre membres du Parti républicain a été la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, contrainte de démissionner. Jouant l'unité contre Donald Trump, Bernie Sanders a mis lundi soir tout son poids derrière son ancienne rivale Hillary Clinton, au premier jour d'une convention d'investiture démocrate chahutée par les incontrôlables partisans du sénateur. Toutefois, les derniers préparatifs de la convention ont été secoués par la publication ce week-end par le site Wikileaks de près de 20.000 messages échangés par des responsables du parti démocrate, dérobés par des pirates informatiques soupçonnés d'être liés aux autorités russes. Ces échanges révèlent des dirigeants très critiques de Bernie. Poussée à la porte, la présidente du parti, Debbie Wasserman Schultz, a annoncé dimanche sa démission à compter de la fin de la convention. Et le parti, désireux d'éteindre l'incendie, a présenté ses excuses à Bernie Sanders. Dans les rues de Philadelphie (est), des partisans de Sanders opposés à l'intronisation de Clinton ont une nouvelle fois battu le pavé. 54 personnes ont été interpellées puis relâchées après avoir reçu une amende, selon la police. C'est donc raté pour les démocrates qui souhaitaient montrer une formation plus unie que ne l'a été le parti républicain. L'ancienne chef de la diplomatie, qui espère succéder à Barack Obama et devenir la première femme présidente des Etats-Unis, est mise en porte-à-faux par des scandales répétitifs, elle qui veut faire du rassemblement une démonstration de force afin de doper ses chances de battre le républicain Donald Trump le 8 novembre. Premier orateur à la Convention de Philadelphie, Bernie Sanders, ancien rival de Mme Clinton aux primaires démocrates, à joué le jeu en brossant un portrait positif de la candidate démocrate déclarant «Si l'on se réfère à ses idées et à son leadership, Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des Etats-Unis», ovationné par la foule des délégués mais hué aussi par certains de ses irréductibles partisans. Enumérant leurs points communs, du salaire minimum au droit à l'avortement et au changement climatique, Bernie Sanders a martelé qu'Hillary Clinton «comprenait» les enjeux et mettrait en place des politiques progressistes. Reconnaissant sa déception d'avoir perdu les primaires, il a autant critiqué Donald Trump que défendu Hillary Clinton, et s'est vanté d'avoir fait adopter par la convention le programme «le plus progressiste» de l'histoire du parti démocrate. «Hillary Clinton sera une présidente exceptionnelle et je suis fier d'être à ses côtés ce soir», a-t-il conclu. Cette attitude de conciliation était saluée par le camp Clinton. Un délégué du Tennessee, Jim Johnson, s'est dit «très satisfait de la façon dont Bernie tente de rassembler ses partisans». Mais une partie de ses délégués fait de la résistance. Certains l'ont hué à la mention d'Hillary Clinton, comme ils l'avaient fait tout au long de la journée dans une ambiance électrique. «Aucun des délégués de Bernie ne veut d'elle», assure l'un des agitateurs. Le plaidoyer le plus éloquent de la journée est toutefois venu d'une femme admirée par l'ensemble de la famille démocrate, Michelle Obama. Dans un discours puisant dans son expérience de Première dame, Michelle Obama a comparé l'exemplarité attendue d'un président à celle de parents élevant leurs enfants, et loué la ténacité et les valeurs d'Hillary Clinton. «Grâce à Hillary Clinton, mes filles et tous nos fils et nos filles savent qu'une femme peut être élue présidente des Etats-Unis», a-t-elle déclaré, ovationnée par une salle debout. Un aréopage de célébrités d'Hollywood ou des mondes du sport et de la musique ainsi que des dizaines d'élus démocrates ont défilé pendant plus de six heures dans l'immense salle de basket de Philadelphie pour démolir l'image de Donald Trump et vanter le CV et les qualités d'Hillary Clinton, 68 ans. Des sans-papiers se sont exprimés à la tribune pour dénoncer les propositions anti-immigrés de Donald Trump. Une veuve d'un soldat américain a témoigné de l'arnaque dont elle dit avoir été victime en souscrivant à des cours de l'ex-«université» Trump, une structure fermée et qui se retrouve aujourd'hui devant les tribunaux. Pendant ce temps, Donald Trump s'amusait du désordre provoqué par les supporters de «Bernie», après que sa propre convention d'investiture à Cleveland la semaine dernière fut émaillée de polémiques. «Bernie Sanders s'est vendu à Hillary-la-crapule. Tout ce travail, cette énergie et cet argent, pour rien du tout! Quelle perte de temps!» a-t-il réagi sur Twitter. Hier c'était au tour de Bill Clinton de s'exprimer à la convention. Barack Obama ce sera ce soir, avant le grand discours d'Hillary Clinton, demain soir.