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La femme, cette héroïne au cinéma
FIOFA 2016
Publié dans L'Expression le 28 - 07 - 2016

L'Algérie, le Maroc et enfin la Syrie sont les pays ayant participé au Fiofa, la veille de sa clôture, avec leurs films longs auxquels le public oranais aura interagi superbement, en exprimant souvent spontanément son émotion.
Rym Laâredj, une artiste pluridisciplinaire, a présenté mardi dernier, veille de la clôture de la 9e édition du Festival international du film arabe d'Oran son premier film réalisé avec l'aide du ministère des Moujahidine et celui de la Culture, avec la collaboration d'Ahmed Rachid qui lui a prêté les costumes des scènes de guerre...
D'après un scénario de Rabah Driff qu'elle a remanié, L'ombre et la lanterne, (le titre du film) raconte l'histoire presque didactique, mais non dénuée de sentiment de l'engagement des étudiants algériens dans la lutte de Libération nationale dans les années 1950.
Le film évoque la grève générale des étudiants du 19 Mai 1956 qui a constitué une étape importante dans le processus militant. Des étudiants et des lycéens vont abandonner leurs bancs d'école pour rejoindre l'Armée de Libération nationale (ALN). Dans ce premier film de la réalisatrice, il est question en effet d'un mouvement de personnage choral, impulsé par «un sujet fédérateur, car le plus important était de montrer aux jeunes leur histoire. J'aimerai bien qu'il passe dans les écoles. Au début le scénario était écrit en langue arabe classique, il fallait le réécrire pour trouver une langue médiane pour faire passer le message au public. Par manque de temps et de moyens, le film n'a pu en effet approfondir la personnalité de chacun. En fait, si cela ne tenait qu'à moi, j'aurai basé le film sur une seule personnalité. Au départ, le film était destiné à la télé et comme on a obtenu certains moyens techniques, on l'a transformé en long métrage et voir ce que ça donne.
A propos de la construction du film, j'ai rajouté deux personnages fictifs pour poser une certaine aération autour de cette histoire et donner plus d'épaisseur à la narration. Même si le film n'est pas parfait, le plus important est qu'il est fait par des jeunes et s'adresse aux jeunes. Au départ, le film devait être consacré à Taleb Abderrahmane qui étudie souvent face à un quinquet d'où le titre. Ceci renvoie à la lumière du savoir et de la résistance...» fera remarquer la réalisatrice lors du débat qui a suivi la projection. Seul bémol, nonobstant la qualité de jeu de certains comédiens qui se sont surpassés, c'est la simplicité du récit où domine une certaine naïveté dans le propos et le manque de valeur esthétique qui aurait pu donner une plus-value à ce film, qui, au demeurant, a provoqué plein de youyous dans la salle. Néanmoins, ce qui la sauvera c'est la fraîcheur qui se dégage de certains de ses personnages et leur regard optimiste sur leur avenir décliné cependant dans une forme parfois scolaire. Ce qui est bien dommage. De ces étudiants, le rôle de la femme dans la résistance est en tout cas propulsé en avant, ce qu'on a souvent tendance à oublier. Dans un autre registre complètement différent se trouve le long métrage Daesh du Syrien Najdat Ismail Anzour.
Le film aborde l'histoire d'un village syrien pris en otage par les terroristes de Daesh.
Une mère enseignante fait les frais du diabolique émir qui la harcèle et finit par kidnapper sa fille de 11 ans. A travers le personnage féminin fort, le film dénonce le sacrifice de la femme sur l'autel de l'ignorance qui se veut être toujours la première victime lors des guerres. Ce long métrage qui repose beaucoup plus sur le dialogue encensant l'amour de la patrie avant toute chose, s'appuie également sur la question de la religion, de l'extrémisme, de la guerre, de l'arbitraire et de la domestication sexuelle des femmes.
Une image dont on parle peu ou proue dans les médias. C'est pourquoi la première partie du film s'évertue à montrer et dire les contractions absurdes qui prévalent chez Daesh, bercé par la haine de l'Autre et les actes barbares alors que ses mercenaires prétendent appliquer la loi divine et surtout respecter les préceptes de l'islam qui prône pourtant la tolérance, la paix et la connaissance. Il faut dire que le film prend parfois des allures clownesques pour finir par nous entraîner dans les souffrances de cette mère qui veut à tout prix récupérer sa fille et c'est là où réside la force nodale de ce long métrage.
Une vision apocalyptique qui dépeint un vécu amer via les yeux d'abord d'une mère et puis d'un enfant et ce, des deux côtés des religions musulmane et chrétienne.
Un film pourtant que l'on a du mal à suivre au début tant les traits de Daesh sont péniblement accentués jusqu'à la caricature. Comme dira une collègue, l'Armée syrienne est présentée comme un ange qui vient du ciel pour sauver ce village. Pour Diane Kamaleddine, dont la position politique se veut tranchée et sans ambages, ce choix est complètement assumé car celui qui ne pense pas ainsi n'aime pas son pays, sa patrie, estime-t-elle.
Enfin, le troisième film projeté dans le cadre de la compétition officielle est le film marocain A mile in my shoes. Profondément engagé, ce film qui s'inscrit dans la même lignée d'un Casanegra, sur les planches de Leila Kilani, ou encore Ali Zaouia de Nabil Ayouch, voire Madame Courage de Merzak Allouache, aborde avec acuité la thématique des enfants de la rue, partagés «entre le marteau et l'enclume».
Le film va nous entraîner dans le passé de Saïd qui, mis en prison se remémore son passé et répond aux questions de son enquêtrice. Nous découvrons un enfant blessé qui a grandi très vite dans un milieu hostile qui l'a poussé à se défendre souvent pour sauver sa peau et celle d'un membre de sa famille quitte à devenir criminel, délinquant, voleur mais avec toujours cette bonté au fond du coeur qui ne transparaît jamais au premier regard.
Les apparences sont en effet souvent trompeuses. Car malgré cette colère contenue, Saïd aime sa tante à qui il vient en aide et prévoit de se marier avec sa voisine qui tombe enceinte de lui mais l'attendra jusqu'à sa sortie de prison. Et c'est cette lumière du coeur qui se niche au fond de lui que le réalisateur Saïd Khallaf nous invite à pénétrer et à éprouver sans pour autant justifier le crime. Mais plutôt, nous propose à réfléchir sur ce qui pousse un enfant, une fois devenu grand à commettre un crime. «Je suis le fruit de votre éducation», dira face à la caméra l'acteur des plus talentueux, quelques minutes avant la fin du film qui aurait dû vraiment être le clap final. Saïd est un enfant qui a toujours connu les souffrances, subies des agressions, y compris sexuelles et fait face aux brimades. Il décide de se venger à sa manière afin de prouver son existence.
«La société où il vit écrase les faibles», dit le synopsis et c'est le message clair et limpide auquel le réalisateur veut que l'on adhère. Issu du milieu du théâtre, le réalisateur a choisi sciemment de mettre en scène les flashbacks ou les souvenirs d'enfance de Saïd sous forme de séquences théâtralisées accentuant la valeur dramatique de cette histoire bien triste qui se veut sans concession quant aux scènes de violence, une thématique bien récurrente dans la cinématographie maghrébine actuelle.
Un film psychologique au relent humaniste qui fera sensation parmi le public et qui ne manquera certainement pas de rafler un prix. Wait and see...
Lequel? À l'heure où nous mettons sous presse, nous ne le savons pas encore alors que c'était hier la clôture du Fiofa 2016, qui, cette année a vu sa durée écourtée de plus de 48 h. Encore faute de budget...


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