Cette corporation est, au passage, appelée à élaborer elle-même sa charte d'éthique et de déonthologie. Le président Bouteflika a choisi le porte-parole de la presse francophone pour faire pas mal de mises au point et mettre le holà à certaines spéculations qui circulent. Il a, en effet, accordé un entretien à La Gazette de la presse francophone, un bimestriel paraissant à Paris, dans lequel il a évoqué notamment l'avenir des relations algéro-françaises, le nouveau climat économique en Algérie qui permet une meilleure politique d'investissement étranger et le rôle de la presse en Algérie. Dans cet entretien, dont le journal français qualifie le caractère «exceptionnel», le chef de l'Etat a, par ailleurs, parlé de la presse en Algérie indiquant que «les journalistes et les médias sont des intermédiaires entre le pouvoir et la société, indépendamment de leur rôle d'information et d'éducation». «Chaque journaliste, a-t-il dit, est libre de ses engagements pourvu qu'il n'outrepasse pas les règles de la déontologie et qu'il vibre avec les préoccupations réelles de la société dans laquelle il vit.» La Gazette de la presse francophone souligne le caractère «exceptionnel» de l'entretien que lui a accordé le président Bouteflika, afin de mieux comprendre la politique du chef de l'Etat vis-à-vis de «ceux qui animent ce remarquable outil, indispensable à une nation qui a entrepris sa marche vers la démocratie, d'en comprendre les fondements et les motivations avant de porter un jugement quel qu'il soit», relève, à ce propos, le journal. A cet égard, le président de la République se déclare «convaincu qu'une presse indépendante, pluraliste et libre est indispensable si l'on veut instaurer un régime démocratique et s'installer dans un système économique libéral». «Le cadre juridique dans lequel évoluent les médias algériens me paraît aussi libéral, sinon plus, que celui qui existe dans d'autres pays, y compris dans les pays développés, les limites apportées à la liberté de la presse étant celles exigées par la sécurité du pays, la dignité des citoyens et le respect des convictions de notre peuple», a-t-il souligné, ajoutant que les «journalistes doivent eux-mêmes assurer le respect des principes de déontologie de leur profession mais la loi doit veiller de manière plus large à la protection de l'Etat, de la société et des particuliers». En réponse à une question adroitement formulée à propos de l'incarcération de Mohamed Benchicou, directeur du Matin, le président a souligné qu' «il s'agit d'une simple affaire de droit commun». Il a de même contesté les «supposées interdiction d'entrée des journalistes étrangers en territoire algérien», du moins depuis qu'il a été élu à la tête de l'Etat algérien. Le président Bouteflika est, par la suite revenu en détail sur les relations algéro-françaises, mais aussi les opportunités d'investissement qu'offre notre pays aux différents opérateurs étrangers. Pour le chef de l'Etat «la France dispose d'atouts certains qui lui confèrent effectivement une position privilégiée dans les relations économiques de l'Algérie. Il lui appartient de s'en servir pour donner corps à l'exemplarité que nos deux gouvernements déclarent vouloir donner à la coopération entre les deux pays», a-t-il dit. Le président Bouteflika a souligné que l'Algérie «s'attelle, de son côté, à créer le climat et les garanties nécessaires susceptibles d'encourager les opérateurs économiques étrangers à venir nombreux y réaliser des investissements. Pour autant qu'ils le souhaitent, les entrepreneurs français sont les bienvenus». Auparavant, il a relevé que «le contentieux de la colonisation et de la guerre a creusé un fossé et suscite des haines telles qu'effectivement on peut parler maintenant de réconciliation entre les deux pays». Il a estimé que c'est «un changement de mentalité des deux peuples qui est à la base de l'entente franco-allemande. Un changement similaire peut conduire l'Algérie et la France à développer une entente de même type après la signature d'un traité d'amitié entre les deux pays». Il a par ailleurs relevé que la communauté nationale établie en France est «respectueuse de la loi française», tout en restant effectivement attachée à sa culture. Il a estimé à ce propos que la concertation entre les deux pays est «évidemment nécessaire en ce qu'elle permet d'établir les conditions propices à une meilleure gestion du dossier, d'autant plus nécessaire que cette communauté constitue un trait d'union irremplaçable entre nos deux pays».