«Notre priorité aujourd'hui doit être de restaurer en toute urgence la trêve, et de mettre un terme à cette catastrophe humanitaire, en garantissant l'accès de l'assistance à toutes les personnes qui en ont besoin, en particulier dans les zones assiégées...» Dans une lettre publiée hier et adressée à ses homologues russe et américain, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a exhorté Washington et Moscou à oeuvrer pour une solution politique en Syrie et pour «tout mettre en oeuvre pour conjurer l'échec» de la résolution du conflit,. «Les prochaines semaines offrent à la communauté internationale une dernière chance de prouver la crédibilité et l'efficacité du processus politique lancé il y a près d'un an à Vienne», écrit M. Ayrault à John Kerry et Sergueï Lavrov, dans cette lettre communiquée dimanche. Washington et Moscou co-président le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble une vingtaine de pays et a esquissé en novembre 2015 une Feuille de route pour la paix en Syrie, entérinée en décembre par l'ONU. Celle-ci prévoyait la mise en place d'un organe de transition (qui aurait dû intervenir le 1er août), une nouvelle Constitution, et l'organisation d'élections d'ici mi-2017. En février dernier à Munich, le GISS avait également arraché un accord de cessation des hostilités en Syrie, qui a rapidement volé en éclats. «Force est de constater» que les objectifs du GISS «n'ont pas été atteints», écrit M. Ayrault. «Sur le terrain, tout d'abord, le siège d'Alep se resserre, les attaques contre les civils et les infrastructures civiles se multiplient, les violations massives des droits de l'Homme se poursuivent dans l'impunité totale», dit-il. Trois sessions de pourparlers indirects entre le gouvernement syrien et l'opposition sous l'égide de l'ONU se sont tenus entre janvier et avril à Genève, mais sans avancée notable, et alors que les combats reprenaient sur le terrain. «Notre priorité aujourd'hui doit être de restaurer en toute urgence la trêve, et de mettre un terme à cette catastrophe humanitaire, en garantissant l'accès de l'assistance à toutes les personnes qui en ont besoin, en particulier dans les zones assiégées. Sans cela, la reprise des négociations sera illusoire», met en garde M. Ayrault. «Nous partageons pleinement votre objectif de lutter contre les groupes terroristes en Syrie, qu'il s'agisse de Daesh ou de Jabhat al Nosra» mais «cette lutte ne saurait pour autant servir de prétexte pour frapper les civils et éliminer toute opposition à Bachar al-Assad», écrit encore le ministre. La guerre en Syrie a fait, depuis mars 2011, plus de 280 000 morts et forcé près de 5 millions de personnes à l'exode. La politique de la France en Syrie est donc fidèle à ses positions initiales, sauf que l'antienne du départ préalable du président syrien ne figure plus dans le répertoire des exigences formulées. Une omission volontaire ou un changement de cap modulé? La situation de plus en plus précaire des groupes rebelles à dominante terroriste, dans la région d'Alep, notamment, et la nécessité de les soulager face à la pression des forces conjuguées de Damas et de ses alliés ont été prises en compte par les Etats-Unis depuis plusieurs mois déjà. Ceci explique évidemment cela.