L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a rencontré, hier à Genève (Suisse), l'émissaire américain pour la Syrie Michael Ratney et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, pour tenter de sauver la trêve en Syrie. Il s'agit aussi de coordonner leurs actions contre le groupe terroriste Daech. Les chefs de la diplomatie américaine, John Kerry, et russe, Sergueï Lavrov, se sont également rencontrés, hier au Laos, en marge d'une rencontre des pays d'Asie du Sud-Est pour évoquer le dossier syrien. Le secrétaire d'Etat américain a déclaré, après la rencontre, qu'il « espérait pouvoir faire des annonces début août concernant des avancées vers une solution diplomatique en Syrie ». « Mon espoir serait que quelque part début août, la première semaine, qui sait, nous soyons en position de nous présenter devant vous et de vous dire ce que nous pourrions faire, avec les espoirs que cela puisse faire une différence pour la vie du peuple syrien et le cours de la guerre », a-t-il affirmé. Kerry a rencontré Lavrov à Vientiane (Laos) à la suite de sa visite à Moscou mi-juillet. La Russie et les Etats-Unis avaient convenu d'une coopération accrue et de « mesures concrètes » pour faire respecter la trêve en Syrie et lutter contre les groupes terroristes. « En termes simples, ce que tout le monde sait est que nous essayons de consolider la cessation des hostilités, fournir un cadre qui nous permette de fait de nous réunir autour d'une table et d'avoir de réelles négociations pour avancer », a expliqué le chef de la diplomatie américaine. Il a assuré que les deux puissances « faisaient des progrès ». Mais ce rapprochement sur le dossier syrien suscite le scepticisme d'un certain nombre de responsables à Washington, réticents à partager avec Moscou des renseignements sur la Syrie. le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a jugé, lundi, que la Russie était encore « loin » des positions des Etats-Unis sur un certain nombre de dossiers, dont la mise en place d'une transition politique qui verrait le retrait du président syrien Bachar al Assad et le ciblage non pas de l'opposition modérée, mais des extrémistes ». L'ONU réclame une trêve humanitaire Quelles que soient les divergences, le 1er août avait été la date fixée par les puissances mondiales, régionales et l'ONU, réunies au sein du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), pour le début d'une transition politique en Syrie. Dans ce cadre, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie a dit espérer relancer des pourparlers de paix en août, après l'échec de deux sessions de négociations cette année. L'ONU a, par ailleurs, réclamé une trêve humanitaire de 48 heures chaque semaine pour ravitailler les civils pris au piège à Alep. Les quartiers rebelles de cette ville sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces du régime, aggravant la situation humanitaire pour plus de 200.000 habitants. Aucune aide de l'ONU n'a pu entrer dans ces secteurs depuis le 7 juillet. Le ravitaillement en nourriture des habitants des quartiers « risque de se tarir dès la mi-août », a averti lundi le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien. A Damas, un attentat à la voiture piégée a fait « plusieurs blessés », lundi soir, à Kafar Soussé, un quartier moderne et huppé, selon l'agence officielle Sana. Kafar Soussé a été parmi les quartiers de la capitale syrienne où des manifestations pacifiques ont eu lieu en 2011 avant d'être réprimées par le régime. Le conflit, qui a fait depuis plus de 280.000 morts, est devenu de plus en plus complexe, avec l'ingérence de nombreuses puissances régionales et internationales et la montée en puissance de groupes terroristes comme Daech ou le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.