Il n'était ni méchant ni violent, mais sur un coup de tête sa vie a basculé. Il a tué, avec un petit canif, Houari qui l'avait roué de coups. La victime qui se promenait au Centre-ville d'Oran avec sa fiancée ne se doutait pas que sa vie allait s'arrêter au cours de cette belle journée printanière de mai 2003. Salima, toute heureuse, buvait les paroles de Houari, âgé alors de 23 ans, qui devrait l'épouser trois mois plus tard. Noyé dans ses rêveries, le couple fut subitement ramené à la réalité par un chapelet de grossièretés que proférait Sofiane. Houari lui intima l'ordre de se taire, mais le petit garnement âgé d'à peine 15 ans, continua de plus belle. Pour le faire taire, le jeune homme lui asséna une violente gifle qui décupla sa colère. Il se mit alors à dire tout ce qui lui passait par la tête contre Houari. Fou de rage, il le prit dans un coin et commença à le corriger. Sofiane, pour se défendre, tira de sa poche un petit canif et donna un coup à Houari qui tituba avant de s'affaler. Un coup, tout juste un coup qui a été fatal au jeune homme. Pris de panique, Sofiane s'enfuit mais il est arrêté le lendemain par des policiers qui restaient perplexes devant l'air innocent qu'inspirait l'adolescent qui reconnut les faits et regretta son geste. Devant le tribunal, il fit de grands efforts pour fuir le regard de Salima la fiancée qui n'avait pas pu arrêter ses larmes durant tout son témoignage. Elle raconta la promenade, les rêves, les projets et l'espoir d'un mariage brisé par un coup de canif. Les parents de la victime en firent de même. La mère se lamenta et regretta les petits-enfants qu'elle ne pourra jamais dorloter. Sofiane se confondra en excuses, laissant couler quelques larmes, reconnu son geste malheureux qu'il regretta. Ses avocats plaideront sa cause en le présentant comme une victime du système scolaire. «Rejeté par l'école, c'était la rue et tous ses dangers qui lui tendait les bras», dira son défenseur qui demandera de requalifier les charges en coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Au terme des délibérations, le tribunal accordera le bénéfice des circonstances atténuantes à Sofiane avant de le condamner à 12 ans de prison ferme.