Outre les fractures internes, le mouvement citoyen des ârchs ne semble plus faire l'unanimité en Kabylie. Ce dernier risque même de quitter la scène par la petite porte. Les avis, pour sincères qu'ils soient, confirment cette réalité qui sonne froidement à l'oreille du mouvement citoyen des ârchs, particulièrement à celle des radicaux. «La Kabylie veut la paix», ne se lassent, pourtant, pas de répéter les habitants du Djurdjura. En décidant d'organiser des sit-in devant les brigades de gendarmerie nationale, les jusqu'au-boutistes, qui ont repris depuis longtemps à leur compte les thèses de Saïd Sadi et de El-Hachemi Chérif, risquent de quitter la scène kabyle par la petite porte. Plus désespérément, les jusqu'au-boutistes qui alignent les visions politiques du RCD et de Ettahadi Taffat, ont provoqué des tiraillements en Kabylie et des fractures dans le Mouvement citoyen des ârchs. Le recours à la violence qui vise à frapper la foule et à assurer le retour de ces deux partis aux devants de la scène kabyle à la veille de l'échéance électorale, est interprété, contrairement aux attentes de Saïd Sadi et de El-Hachemi Chérif, avec beaucoup de réserve en Kabylie. «Ceux qui provoquent la gendarmerie pour brandir ensuite la menace des ONG font fausse route (...). Ces partis, qui n'arrivent pas à mobiliser deux chats et demi en Kabylie, doivent s'interroger d'abord sur les raisons de leur déroute politique avant d'inciter la jeunesse à la violence pour démolir Bouteflika, Aït Ahmed ou Benflis», s'énerve un militant de la maison des droits de l'Homme et du citoyen de Tizi Ouzou. Outrées par le regain de violence et les scènes d'insécurité, les populations rurales de Kabylie, s'expliquent mal «la décision très vague» de la mise en quarantaine des brigades de la Gendarmerie nationale par les ârchs. «Pourquoi la gendarmerie est-elle encore mise en quarantaine et interdite de circuler, alors que la violence a atteint des proportions démesurées dans la région», constate un citoyen à Mechtras devant les scènes quasi quotidiennes d'agression, de vol à la tire ou encore de racket comme ce fut le cas à Draâ-Sachem et Frikat. Plus serein et nuancé, un villageois de Beni Mendes se demande, quant à lui, à qui profite la mise en quarantaine de la gendarmerie. «Sommes-nous en face d'instructions péremptoires de la hiérarchie visant à éviter l'aggravation de la crise qui couve depuis sept mois, ou bien alors sommes-nous en présence d'une entreprise criminelle visant le pourrissement en Kabylie?».