Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et parfois sévèrement battues hier lors d'une manifestation contre le gouvernement à Addis Abeba, la première dans la capitale éthiopienne depuis le début d'une vague de protestation de la part des deux principales ethnies du pays. A l'appel de groupes d'opposition Oromo, la principale ethnie du pays, environ 500 manifestants s'étaient rassemblés samedi matin sur la principale place de la capitale, Meskel Square, scandant des slogans tels que «nous voulons notre liberté» et «libérez nos prisonniers politiques».Massivement présente, la police a rapidement encerclé les manifestants. Des dizaines d'entre eux ont été arrêtés et certains roués de coup, puis emmenés dans des pick-ups. Certains d'entre eux avaient le visage ensanglanté. Vendredi, le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn avait annoncé l'interdiction des manifestations «qui menacent l'unité du pays». Plus que par son ampleur, la manifestation est significative car elle est la première à Addis Abeba depuis le début d'une vague de protestations de la part des Oromo et des Amhara, les deux plus importantes ethnies du pays, qui représentent à elles deux 80% de la population éthiopienne. Ces manifestations témoignent d'un ressentiment grandissant de ces deux groupes, qui estiment être discriminés en faveur des Tigréens, accusés d'occuper les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité. Le rassemblement le plus important de ces dernières semaines avait mobilisé des dizaines de milliers de personnes le 31 juillet à Gondar, une région Amhara du nord du pays.