Les Algériens sont toujours fidèles... Les touristes algériens ont pris d'assaut les plages tunisiennes désertées par les Européens. Plusieurs pays d'Europe ont, en effet, conseillé à leurs ressortissants d'éviter de se rendre en Tunisie. En Algérie, le message est tout le contraire. Un gros travail a été fait sur le plan de la communication et marketing. Les spots publicitaires diffusés sur certaines chaînes TV des deux pays, les affiches publicitaires sur les routes et abribus incitent les Algériens à se rendre en Tunisie. L'ambassade d'Algérie en Tunisie, comme l'année dernière, a lancé un appel aux Algériens pour qu'ils se rendent en masse en Tunisie et contribuer à sauver le tourisme qui est la première ressource du pays. Le message a donc été bien reçu par les Algériens des quatre coins du pays. On est le 6 août. Il est à peine 8h du matin. L'image est impressionnante. Quatre files d'attente de véhicules d'une longueur de 50 mètres à partir de l'entrée du poste jusqu'aux quatre cabines de la PAF sont opérationnelles depuis cet été. Chacune d'elles prend en charge une file de véhicules pour les formalités policières. Mieux, une file d'attente de véhicules d'une longueur de 500 mètres depuis l'entrée du poste provoque une ambiance électrique chez les conducteurs impatients. Certains plus malins, sortent de la file pour essayer de se frayer un chemin et gagner quelques mètres. Ceux-là, bloquent la circulation et empêchent les véhicules du sens inverse de quitter le poste frontalier vers le premier village frontalier d'Oum Tboul. Il y avait, au bas mot, 800 véhicules parqués au poste frontalier en attente des formalités policières. Sans oublier l'arrivée d'autres véhicules, l'un derrière l'autre, qu'on croisait sur la route et immatriculés de plusieurs wilayas du pays mais aussi d'autres pays. Les voyagistes algériens, les habitués, ou ceux qui viennent pour la première fois, ont pris d'assaut les différents postes frontières de l'Est, notamment, d'Oum Tboul pour un temps d'évasion en Tunisie ou ailleurs (Europe via la Tunisie). En fait, l'invasion a commencé juste après les résultats du bac. Mais ce rush inopiné a pris de l'ampleur depuis début août. Au niveau des guichets de la PAF, seules quelques personnes prioritaires sont autorisées à se présenter pour les formalités policières, comme les journalistes, les commis de l'Etat ou des personnes malades. Autrement dit, la taxe douanière (30 DT) imposée aux véhicules à leur sortie du territoire, fait encore des mécontents. La majorité des touristes algériens se plaint encore de cette taxe et demande même sa suppression. Pour d'autres, cette taxe est dérisoire tant qu'elle est imposée par véhicule et non par personne pour le cas d'autres touristes étrangers. Tout compte fait, les autorités algériennes avaient imposé leur avis après le vote de cette loi par l'Assemblée tunisienne en 2012 qui, à l'origine, a imposé cette taxe de sortie du territoire tunisien par personne et à tous les touristes étrangers sans exception. Après quoi, les autorités tunisiennes ont assoupli cette mesure concernant la communauté maghrébine. Instructions fermes D'autres, notamment femmes et enfants, préfèrent attendre sur un espace vert pour prendre un bol d'air aménagé pour l'occasion. Un détail: beaucoup, notamment des jeunes, qui franchissent chaque jour ce poste frontalier, ne passeront pas leurs vacances en Tunisie. Ils ont préféré d'autres destinations en faisant de la Tunisie un pays de transit. Leurs destinations étaient l'Italie, la Turquie et le Maroc. La raison? Tout simplement, les compagnies de ces trois pays cités proposent des tarifs intéressants et concurrentiels à partir de la Tunisie vers ces pays. Ils sont doublement gagnants dans la mesure où ils profitent des paysages des deux pays en passant par plusieurs villes et, du coup, des vacances dans l'autre pays choisi. De quoi donner à méditer à la compagnie Air Algérie. Le fait marquant est l'hospitalité et le bon accueil des policiers et douaniers tunisiens. Leur attitude a carrément changé. Malgré une certaine anarchie provoquée par quelques touristes au niveau des guichets de la PAF ou au parking, les policiers tunisiens se montrent calmes et indulgents. Selon nos informations, des instructions, comme l'année dernière, ont été données afin de réserver le meilleur accueil aux touristes algériens. Même les barrages policiers ou de la Garde nationale n'arrêtent pas les véhicules des touristes algériens pour des fouilles routinières. Hammamet, havre de paix La Tunisie reste, malgré les aléas sécuritaires, un havre de paix indétrônable pour les petites bourses. Elle est proposée avec des voyages à la carte. Plusieurs agences de voyages offrent des séjours d'une semaine qui oscillent entre 60.000 et 80.000 DA par personne ou couple dans une chambre double en All inclusive. Une aubaine pour les petites bourses et les couples qui passent leurs vacances de noces. Hammamet est le «fief» des Algériens. La ville est clean, la plage est nette. Dans les souks et les grandes artères, on voit très peu de mendiants malgré la crise sociale profonde. A l'image de sa médina et de ses côtes, superbement entretenues, Hammamet, comme partout ailleurs en Tunisie, reflète parfaitement le savoir-faire, le savoir-vivre et le génie architectural du peuple tunisien. Les façades, les pavés, les jardins, les carrés de maisons, les places publiques, tout est tracé avec soin, ciselé avec métier, donnant de la ville l'image d'un objet artisanal magnifiquement ouvragé. Pas de parkings sauvages qui rançonnent les automobilistes. Les terrasses des cafés étendent leurs parasols tout autour du petit port de Hammamet Nord. La nuit, Hammamet est une fête; des spectacles grandioses et des ambiances pétillantes sont donnés chaque soir par des groupes amateurs du raï algériens qui rendent la côte en folie durant tout l'été. Des terrasses de leurs hôtels quatre et cinq étoiles, les résidents passent de belles soirées en écoutant la musique raï qui résonne de loin. Dans les jardins ou sur les berges, les couples roucoulent en toute quiétude. Les parcs de loisirs voient des milliers de familles se déverser sur ses manèges, en compagnie de leurs bambins. Forts d'un aménagement des horaires de travail adaptés à la saison estivale, les Tunisiens émargeant au secteur public arrêtent leur service à 14h. C'est ce qu'on appelle en Tunisie «le régime de la séance unique», et qui est appliqué du 1er juillet au 31 août. Ce rythme permet ainsi aux salariés, (du secteur administratif notamment), qui continuent d'assurer le service en pleine saison, de profiter des délices et des douceurs de l'été et leur laisse le temps d'aller à la plage. Et même si la détresse sociale est difficile à dissimuler, les gens savent se contenter de peu. Les plus démunis peuvent trouver leur bonheur dans un «keftaji», sandwich populaire «succulentissime» préparé avec force épices et sauce piquante, que proposent les petites gargotes pour 1,700 DT. Dans les cafés populaires, au petit matin ou le soir, la voix inimitable d'Oum Kalthoum ou celle de Warda El Djazaïria, la star des stars, reprend langoureusement et respectivement les succès immortels de chacune des divas disparues et qui dorlotent les oreilles de quelques clients sirotant un thé vert et tirant une bonne chicha. Le grand travail qu'a entamé l'Office national tunisien du tourisme (Ontt) depuis quelques semaines avec les tour-opérateurs étrangers, commence à apporter ses fruits. Hier, 45 voyagistes russes ont débarqué dans la ville de Tozeur où ils ont été chaleureusement accueillis par les autorités locales. Ils sont venus pour prospecter la région et son capital touristique. Ils ont fait le tour de la ville, de ses unités hôtelières, avant de se rendre aux oasis montagneuses de Tameghza et Chebika où se déroule actuellement un festival culturel. Selon leurs appréciations, ces voyagistes vont décider de l'envoi de milliers de touristes russes dans la zone. 100.000 Algériens attendus en août L'afflux des touristes algériens vers les hôtels de la région Sousse El Kantaoui devrait se poursuivre et leur nombre s'élever à plus de 100 000 selon les premières estimations, a fait savoir la semaine dernière le commissaire régional au tourisme dans le gouvernorat de Sousse, Foued El Oued. Il a indiqué que conformément aux statistiques du commissariat régional au tourisme, 20 000 Algériens ont séjourné dans les hôtels de la région de Sousse, de janvier jusqu'au 10 juillet 2016. Il a expliqué que le pic de l'afflux des touristes algériens a lieu habituellement au cours du mois d'août car la plupart d'entre eux prennent leur congé pendant cette période, précisant qu'ils ont été la troisième nationalité à avoir afflué vers la région au cours de la saison précédente, se classant après les Britanniques et les Allemands. Le président de la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH), Radhouane Ben Salah a déclaré, que le marché algérien a connu une croissance de 5 à 7% par rapport à l'année dernière durant laquelle la Tunisie a drainé 1,480 million d'Algériens, dont 30% ont résidé dans les hôtels alors que le reste a choisi la location de maisons pour ses séjours en Tunisie. D'ici la fin de l'année, la Tunisie s'attend à 1,5 million de touristes algériens. D'après Ben Salah, le marché algérien est d'un grand apport pour la promotion de la destination tunisienne. Il a estimé que «le taux d'occupation des hôtels en août 2016 est raisonnable, mais varie d'un hôtel à un autre». Les hôtels de la catégorie trois ou quatre étoiles réalisent un taux d'occupation de 100% alors que les hôtels cinq étoiles restent relativement vacants, a-t-il dit. Selon les chiffres officiels, la chute est brutale. Le tourisme en ce début 2016 est en recul de 54% par rapport à la même période de 2015. Comme ces dernières années, les autorités tunisiennes miseront encore cette année sur les touristes algériens qui, il faut le dire, ont sauvé les trois dernières saisons touristiques. De nouvelles lignes terrestres Dans le cadre d'une exploitation entre la Société algérienne de transport urbain «Tahkout Mahieddine» et la Société nationale de transport interurbain (Sntri, Tunisie) de nouvelles lignes reliant Tunis à Annaba, et puis à Alger, et vice versa, ont été lancées. Les dessertes quotidiennes Tunis-Annaba partiront de la station Bab Alouia (Tunis) à 7 heures, alors qu'un voyage hebdomadaire Tunis - Alger est prévu avec la possibilité de réserver au départ, et au retour de la station Bab Alouia. Autre bonne nouvelle pour les habitants des régions frontalières. La desserte ferroviaire assurant la liaison Annaba-Tunis sera prochainement remise en service. Selon des responsables de la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf), des essais techniques ont débuté mercredi 3 août sur cette voie ferrée par des techniciens algériens afin de vérifier l'état des rails et les dimensions des multiples tunnels traversant les régions montagneuses situées sur cet itinéraire. Il est prévu deux passages journaliers sur cette ligne de 150 à 200 kilomètres en passant par la wilaya de Souk Ahras. Sur le plan touristique, la réouverture de la ligne Annaba-Tunis ne manquerait pas, à coup sûr, d'encourager les Algériens, notamment les habitants de l'Est du pays, à faire de la Tunisie leur destination touristique estivale de prédilection. la réouverture de la desserte Annaba-Tunis devrait tout de même donner un nouvel élan aux échanges économiques et touristiques entre les deux pays.