Le scénario ça se travaille, il y a bien sûr l'idée, qui peut être intéressante, mais encore faut-il savoir la traiter. Une nouvelle qui arrive comme pour enfoncer de plus belle le cinéma algérien. Les téléfilms algériens ne sont pas bâtis sur de bons scénarios, et encore moins sur de belles musiques. C'est du moins ce qu'on peut déduire de la décision du jury de ne pas attribuer le prix du scénario et de la musique, pour cette deuxième édition du Fennec d'or. En effet, le jury, après délibération, a décidé, à l'unanimité de ne pas décerner ces deux prix «en espérant que les professionnels accorderont plus d'attention à ces deux disciplines» lit-on sur la note transmise par les jurys. Nos téléfilms sont-ils vraiment montés sur la base de bons scénarios, le squelette du film, et sur de belles musiques qui en sont l'habillage? En admettant cet état de fait, autant dire que la production télévisuelle algérienne ressemble aux mollusques. Interrogée pour plus de précisions, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, s'est contentée d'indiquer: «Nous avons des auteurs jeunes. Vous ne voyez pas notre production littéraire ? Avez-vous lu le dernier roman de Yasmina Khadra, La part du mort?» Il est vrai, et cela nul ne peut le nier, nous avons les Khadra, les Boudjedra, les Djaout, et la liste est très longue, mais le problème, aujourd'hui, ne se pose pas à ce niveau. Il s'agit là d'écrivains, d'hommes de lettres, et encore faut-il qu'il y ait quelqu'un pour adapter leurs oeuvres. «Le scénario ça se travaille, il y a bien sûr l'idée, qui peut être intéressante, mais encore faut-il savoir la traiter. Ce n'est pas que les scénarios étaient mauvais mais nous les avons trouvés en deçà de ce qu'il aurait fallu faire. Il faut pousser les gens à travailler davantage leurs scénarios et les musiciens leurs musiques. Il faut que ces deux éléments soient partie intégrante du film et non pas plaqués sur l'image» a expliqué la présidente du jury de cette deuxième nuit du Fennec d'or, Mme Dora Bouchoucha. Abondant dans le même sens, la comédienne Sonia, aussi membre du jury, a précisé: «Ce qu'on a vu dans les films visionnés devant le jury, n'est pas convaincant. Donc, on a tenu à fixer la barre très haut pour que l'année prochaine, peut-être, on ait de meilleures écritures et de meilleurs scénarios». Peut-on déduire que des séries comme Le joueur, du défunt Djamel Fezzaz, ou Nass M'Lah City de Djaafar Gacem ne sont pas réalisés à partir de bons scénarios, ce qui porte préjudice à leur crédibilité? «Non, c'est que nous avons jugé d'une manière générale que les scénarios doivent être beaucoup plus pointus que cela sur aussi bien les sujets que sur les dialogues et les situations etc.». «Nous avons une littérature très riche. Il faut maintenant qu'on l'exploite. Le problème chez nous c'est que les réalisateurs préfèrent faire leurs propres scénarios. Nous avons quand même de jeunes auteurs à qui on doit donner une chance» a estimé Sonia. Ainsi donc, tout travail cinématographique, s'il souffre d'une quelconque brèche au niveau du scénario, devient un navet. Et les meilleures réalisations mondiales sont celles qui sont étoffées soit du côté du montage, du son, de l'interprétation ou de la musique... C'est en fait, un tout indissociable. Pour résoudre ce problème, la scénariste, Fatma Ouezzane, propose de bien traiter le texte du côté linguistique, notamment. «Dans tout travail dramatique, l'auteur doit veiller à ce que le langage utilisé soit aéré et pas compliqué. Il faut qu'il pense au spectateur, à sa réaction. Il ne faut pas que ce dernier se retrouve dans l'obligation de chercher le sens d'un mot et de décoder la chaîne de signes qu'on lui propose» a indiqué Mme Ouezzane.