Qui présidera l'instance? A quelques semaines de son installation, la Haute instance indépendante de surveillance des élections ne fait toujours pas l'unanimité au sein de la classe politique nationale. Selon toute vraisemblance et compte tenu de ses attributions et du rôle moteur qu'elle est appelée à jouer en amont et en aval de chaque rendez-vous électoral, la Haute instance indépendante de surveillance des élections sera installée très prochainement en prévision des législatives de 2017. Néanmoins, d'ores et déjà, elle suscite des remous dans les milieux politiques, notamment au sein de l'opposition, au sujet de la personnalité nationale qui en assurera la présidence. Çà et là, des noms circulent et selon certaines indiscrétions, ceux de Lakhdar Ibrahimi et de Mokrane Aït Larbi sont en tête de liste. Mais, les profils de l'un et de l'autre, aussi parlants soient-ils, ne semblent pas intéresser les partis politiques. En effet, contactées pour livrer leurs analyses sur l'installation de cette instance, la désignation de ses membres et, plus particulièrement, de son président, certaines formations de l'opposition ont violemment dénoncé la démarche du pouvoir en se disant non concernées par ses «inutiles dribbles». «Débattre de qui présidera la Haute instance de surveillance des élections n'est pas sérieux. C'est un faux débat. Le problème n'est pas dans la personne qui présidera cette instance mais bien dans cette instance elle-même. Au niveau de l'opposition, nous avons réclamé une instance indépendante des ministères de la Justice et de l'Intérieur pour non pas surveiller, mais organiser et gérer les élections. Mais c'est le contraire que le pouvoir a fait. Ce type d'instance, qui existait auparavant, n'a pas et ne va pas empêcher les fraudes massives aux élections. Cette instance n'aura aucune influence sur le déroulement des élections, bien au contraire, puisque les partis politiques n'ont plus, désormais, la possibilité de participer à la surveillance des élections. Cest dire que nous avons demandé des garanties supplémentaires et c'est par une régression majeure qu'on nous a répondu», nous a déclaré Lakhdar Benkhelaf, numéro deux du FJD, en promettant de ne jamais se taire sur «les dérives du pouvoir» De son côté, Younès Saber Cherif, chargé de communication de Jil Jadid, a également abondé dans le même sens. «L'Instance de surveillance des élections ne sert à rien, parce qu'elle ne garantit nullement la transparence des élections. La désignation de ses membres est une question secondaire. En tant que parti d'opposition, nous avons demandé une instance indépendance pour gérer tout le processus électoral afin de garantir sa neutralité et sa transparence. Le pouvoir a fait un autre choix et ce n'est sans doute pas le profil du président de cette instance qui va changer la donne, d'autant plus qu'il est évident qu'il ne peut être qu'un enfant du système ou qui en est, directement ou indirectement, proche», a-t-il indiqué, en précisant que «l'hypothèse de la désignation d'une personnalité nationale indépendante ou proche de l'opposition est absolument exclue pour Jil Jadid» et que cette place est réservée uniquement à ceux qui sortent des entrailles du sérail. Néanmoins, au FLN, c'est un autre son de cloche et il sent du Bouteflika à mille lieux à la ronde. En effet, selon Hocine Khaldoun, chargé de communication de l'ex-parti unique, la désignation du président de la Haute instance indépendante de surveillance des Elections relève des prérogatives du président de la République et, à ce titre, c'est son choix exclusif qui est attendu au sein du FLN. «La loi confère au chef de l'Etat la prérogative de désigner le président de l'Instance, donc c'est à lui de faire le choix qu'il trouve utile. Au FLN, nous lui faisons confiance et nous nous engageons à appuyer tous ses choix, quels qu'ils soient», nous a déclaré M. Khaldoun. La désignation du président de la Hiise, bien qu'elle soit conditionnée par «la consultation des partis politiques», n'intéresse pas beaucoup ces derniers. Pourtant, la sensibilité du poste n'est pas sans receler des enjeux politiques de taille. D'ailleurs, pour rappel, selon la loi organique y afférente, l'Instance en question est chargée de s'assurer de la «neutralité des agents chargés de ces opérations électorales et la non-utilisation des biens et des moyens de l'Etat au profit d'un parti politique, d'un candidat ou d'une liste de candidats», de veiller à la «conformité des procédures de révision des listes électorales par l'administration», et la conformité des «dispositions relatives au dépôt des dossiers de candidature, à la loi organique relative au régime électoral» et de garantir également, durant le scrutin, la «mise en oeuvre des dispositions permettant aux représentants des candidats dûment habilités d'exercer leur droit d'assister aux opérations de vote, durant toutes leurs étapes au niveau des centres et bureaux de vote, ainsi qu'au niveau des bureaux itinérants».