Si les signes de la paix se profilent à l'horizon, le plus dur reste à faire. Ceux qui ont pris le chemin de l'exil pendant les années sanglantes, commencent à revenir en masse chez eux. La vallée de Beni Snous, Sebra, Sebdou ont payé un lourd tribut, massacres, assassinats et faux barrages dans les localités de Beni Bahdel, Azaïl et El Khemis. Dans le cadre du repeuplement des zones désertées, l'Etat a entamé une opération d'aide pour reloger les familles qui ont tout perdu. Ces nouveaux réfugiés de la peur, pour la plupart des paysans, ont trouvé refuge dans les bidonvilles de Tlemcen. Réduits à la misère, la vie urbaine ne leur était d'aucun secours ni sur le plan économique ni sur le plan social. Ces déracinés ont attendu pendant sept ans le retour à leurs terres. En parcourant les routes réputées dangereuses, Beni Saf, Sidi Moussa, Filaoucène, on aperçoit un certain renouveau, les voitures circulent tard, les petits fellahs travaillent leurs champs et, ce qui rassure le plus, c'est la bande de joyeux bambins qui reprennent le chemin de l'école. Depuis quelques années, on ne signale aucun attentat ni faux barrage dans l'ensemble de la wilaya de Tlemcen. Apparemment, la loi sur la concorde a porté déjà ses premiers fruits. Bien avant, une campagne de sensibilisation a été menée auprès de ces populations déplacées. Les autorités civiles, militaires et religieuses ont entrepris un véritable safari à travers les régions les plus reculées des confins de la steppe au Sud, en passant par la zone frontalière jusqu'aux monts du nord de Filaoucène, pour convaincre les populations qui ne croyaient plus à rien lors des années de braise. Le message était le même pour ces populations: vaincre la peur et restaurer la paix. Les gens ont saisi cette opportunité pour convaincre leurs enfants restés au maquis. Depuis, on a enregistré beaucoup de repentis. D'ailleurs, on ne signale aucune poche de résistance dans les anciens camps des terroristes. Dans la wilaya de Tlemcen, le retour des égarés s'est fait discrètement, d'ailleurs on ne signale aucun incident de nature à provoquer le mécontentement des victimes de la barbarie. A Sebra, ville martyre, on a accueilli avec soulagement le retour de ces desperados de la foi. Si les signes de la paix se profilent à l'horizon, le plus dur reste à faire: reconstruire cette campagne dévastée, assister les démunis, en bref cela nécessite un véritable plan de reconstruction et de développement du monde rural. Cela est possible, la wilaya dispose des ressources nécessaires. Pour ce faire, il faut d'abord dégager les priorités selon les besoins de chaque région. Cependant, il reste beaucoup de choses à faire, notamment dans les zones rurales qui continuent à vivre dans la pauvreté et l'isolement. Faut-il rappeler que sur le million d'habitants de la wilaya de Tlemcen, plus de 70% de la population vit en zone rurale. Il reste à espérer que l'Exécutif ne se lancera pas dans la réalisation de projets bancals dans le chef-lieu au détriment de la campagne. Un certain 8 avril, le peuple s'est prononcé pour «El izza oual karama».