Les responsables algériens ont-ils parfaitement assimilé les leçons qui découlent de tous ces drames ? A quelque chose malheur est bon, dit l'adage. Les catastrophes peuvent être à l'origine des grandes orientations des programmes et des activités à mettre en oeuvre pour sauver des vies humaines. C'est au prix de milliers de victimes que les autorités algériennes (tous secteurs confondus) font leur apprentissage : un apprentissage dans la douleur. Durant la période qui s'étale entre 2001 et 2005, des milliers de personnes ont trouvé la mort suite à des catastrophes naturelles et industrielles et où la responsabilité directe de l'homme est prouvée. Pour saisir l'importance d'un plan Orsec, évaluer la valeur d'un bulletin météorologique et comprendre qu'il faut nettoyer les voiries, il a fallu subir la catastrophe de Bab El Oued. Plus de 1000 personnes ont péri au mois de novembre 2001, suite à des inondations et des coulées de boue. Les victimes emportées par les eaux en furie auraient pu être sauvées. Mais aucune disposition d'urgence n'a été prise par les autorités locales. Les automobilistes n'ont pas été interdits d'accès à cette zone et les riverains n'ont pas été avertis d'une telle situation météorologique. Le violent tremblement de terre qui a secoué Boumerdès, a été une autre douloureuse occasion d'apprentissage. Le premier constat a été que le gouvernement a saisi très vite la mesure du drame. Les autorités ont mieux réagi que cela a été le cas en 2001, lors des inondations de Bab El Oued. Le président de la République s'est rendu le soir même à la zone la plus touchée, Boumerdès. Au-delà du bilan douloureux de la catastrophe, près de 3000 morts, environ 10.000 blessés et plus de 100.000 sans abris, beaucoup de leçons ont été tirées de ce drame. En effet, le séisme a été une source riche en enseignements pour les ingénieurs en génie civil, les entreprises de réalisation et les pouvoirs publics. D'abord, les normes antisismiques appliquées dans la construction ont été revues et font l'objet d'une stricte application sous peine de sanctions sévères. Le vide de la législation relative aux assurances a été comblé. C'est ainsi que le gouvernement a rendu obligatoire l'assurance contre les catastrophes naturelles. Dans le même registre des leçons, une démarche nouvelle est apparue suite aux deux derniers drames, le naufrage du Béchar et l'explosion de gaz à Guelma. Après le directeur général de la Cnan, c'est au tour des responsables de la Sonelgaz d'être écroués. La célérité avec laquelle l'instance judiciaire a réagi semble trancher avec les tergiversations connues aux commissions d'enquête. Ces deux actions annoncent-elles un retour aux normes perdues? Mais en définitive, les responsables algériens ont-ils assimilé les leçons qui découlent de tous ces drames? A titre d'exemple, il faut citer les travaux de réfections entamés dans la confusion au niveau de toute la zone déclarée sinistrée au lendemain du séisme de 2003. La tâche de réfection a été confiée à des entreprises aussi incompétentes que celles qui ont été à l'origine de la catastrophe. Et puis aucune suite n'a été donnée aux enquêtes enclenchées au lendemain du séisme. Pourtant, l'exemple du naufrage du Batna et celui de l'explosion de Guelma prouvent que des enquêtes peuvent bien aboutir.