Cette proposition de Moscou concerne aussi bien les quartiers est d'Alep, contrôlés par les rebelles, que les quartiers ouest, tenus par les forces syriennes. Elle a été saluée par l'ONU, qui s'est dit prête à se mobiliser. La Russie a proposé l'instauration d'une trêve humanitaire hebdomadaire de 48 heures pour permettre la livraison d'aide à la population d'Alep, la grande ville du nord de la Syrie où s'affrontent durement les forces armées syriennes et les rebelles. «Nous sommes prêts à instaurer cette pause humanitaire de 48 heures dès la semaine prochaine», a déclaré jeudi dans un communiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. «La date et l'heure exactes seront déterminées après avoir reçu de l'ONU les informations concernant la préparation des convois et la garantie de la part de nos partenaires américains qu'ils seront acheminés en toute sécurité», a précisé le porte-parole. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan De Mistura, «se félicite» de l'initiative de la Russie, «et l'équipe humanitaire de l'ONU est maintenant prête à se mobiliser pour répondre à ce défi», selon un communiqué du bureau de M.De Mistura. L'émissaire a souligné qu'il comptait sur la Russie et sur les Etats-Unis pour s'assurer que les parties qu'ils soutiennent dans le conflit - le gouvernement syrien pour la Russie, la rébellion pour les Etats-Unis - respectent la future trêve. Des centaines de milliers de civils sont pris au piège à Alep et subissent d'importantes pénuries, selon l'ONU. Les images d'un enfant blessé mercredi dans un bombardement à Alep ont suscité une grande émotion à travers le monde. Elles montrent ce garçon de 4 ans, Omrane, le visage couvert de poussière et de sang, étourdi par le souffle d'une explosion. Un médecin d'Alep qui a soigné la blessure à la tête de l'enfant a déclaré dans une interview à la BBC qu'il avait pu rejoindre ses parents. «Ils perdent la vie ou ils sont mutilés, beaucoup restent paralysés». Le porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, a estimé devant la presse que ces images montraient «le vrai visage de ce qui se passe en Syrie». «Ce petit garçon n'a jamais connu un seul jour dans sa vie sans guerre, mort, destruction, pauvreté dans son propre pays», a-t-il souligné. Dans ce contexte, la Russie a rejeté hier les informations relayées par des médias selon lesquelles une de ses frappes aériennes a pu blesser Omrane, un enfant syrien vivant à Alep dont la photo, le montrant recouvert de sang, a fait le tour du monde. «Les avions russes opérant en Syrie ne visent jamais de cibles à l'intérieur de zones de peuplement», a assuré un porte-parole militaire, Igor onachenkov dans un communiqué. «Aucune frappe russe n'a eu lieu mercredi soir dans l'est d'Alep, où le cliché a été pris», a-t-il affirmé. L'armée syrienne et les groupes rebelles se disputent le contrôle d'Alep, divisée depuis 2012. Sur le terrain, les deux camps font du surplace. L'armée n'a pas réussi à regagner le terrain perdu il y a près de deux semaines, et les rebelles n'ont pas concrétisé leur intention proclamée de s'emparer de la totalité de la ville. Selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande Bretagne), «les avions du régime et russes mènent des dizaines de raids chaque jour sur la province d'Idleb et l'ouest de la province voisine d'Alep pour empêcher l'envoi de renforts vers les positions rebelles au sud d'Alep». Les 28 pays de l'Union européenne ont réclamé jeudi «un arrêt immédiat» des combats à Alep pour permettre les opérations humanitaires. Déclenché en mars 2011, le conflit en Syrie s'est complexifié avec les interventions étrangères et la montée en puissance de jihadistes. La guerre a fait plus de 290 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes. Sur le front de la lutte contre l'organisation jihadiste Etat islamique, Moscou a annoncé jeudi que 18 bombardiers russes, partis de bases situées en Russie et en Iran, avaient effectué des frappes sur des positions de l'EI à Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.