La nouvelle saison professionnelle (2016-2017) a débuté vendredi soir de la manière la plus improbable: échauffourée à Bologhine [match d'ouverture entre l'USM Alger (champion en titre) et le MO Béjaïa], annonce du retrait du RC Relizane. Pour un début de saison serein on ne pouvait faire mieux! Mais, basta! Que chacun assume ses responsabilités: la FAF, la LFP [Ligue du football professionnel], les clubs, surtout les clubs. Il y a des gens qui ne mesurent pas l'impact de leurs actions sur la marche et le fonctionnement d'un sport (le football) qui eut l'idée lumineuse de construire la terrasse avant d'assurer les fondations. Instaurer le professionnalisme alors que rien, absolument rien, n'était prêt pour ce faire. Pour l'avoir écrit à maintes reprises dans ces colonnes, nous sommes à l'aise pour le réitérer. Le football professionnel algérien qui n'a de professionnel que le nom est parti du mauvais pas dès ses prolégomènes. Alors que l'on présumait que des améliorations allaient progressivement intervenir pour corriger les erreurs de gestion, on a surtout persisté dans l'égarement. Sur quels critères fonctionne le professionnalisme en Algérie? Ailleurs - les règles édictées sont respectées et appliquées - un club en déficit budgétaire et/ou ne présentant pas les garanties financières et réglementaires lui permettant de fonctionner normalement ne peut activer parmi l'élite. C'est le cas partout dans le monde, sauf en Algérie. Chaque saison les éternelles revendications salariales des joueurs occupent l'actualité. En effet, les clubs [Sspa, Société sportive par action] sont incapables de régulariser leur situation. C'est le cas de Relizane qui a attendu jusqu'à la dernière limite - le début du championnat - pour admettre qu'il n'avait pas les moyens de payer ses employés ou ex-employés. Aussi, quémander des aides, n'est pas une fin en soi. Or, elle a ses limites quand des dirigeants incompétents s'accrochent à des postes qui, à l'évidence, ne sont pas pour eux. Jusqu'ici l'Etat [les wilayas, APC, APW et DJS] a distribué des sommes énormes qui n'ont en rien servi au développement du sport roi et encore moins à inculquer la culture de la gestion aux dirigeants des Sspa. Bien au contraire, agissant en «enfants» gâtés, ceux-ci crient à la hogra dès que les instances du football appliquent les règles de la pratique alors qu'ils sont les premiers responsables de la décrépitude des Sspa qu'ils dirigent. Dès lors, ce qui se fait en Algérie n'a rien de sérieux. Au final, les associations sportives professionnelles sont devenues, au regard des milliards dilapidés, des tonneaux des Danaïdes, des puits sans fond dont l'existence est plus que jamais douteuse. En effet, personne n'a obligé les présidents à payer des mensualités folles qu'ils savaient ne pas avoir les moyens d'honorer [des salaires mensuels de 100 à 300 millions, et jusqu'à 320 millions] à des joueurs plus que moyens, pour justifier de tels émoluments. Cela au détriment de l'équilibre budgétaire [un déséquilibre avéré entre les charges - masse salariale - et les ressources] des Sspa au bord de la banqueroute financière. De fait, la surenchère des clubs outre d'avoir mis à mal leurs finances a tué la concurrence loyale, et surtout dévoyé la politique de formation abandonnée par les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2. Or, avec les centaines de milliards engloutis par lesdits clubs professionnels depuis six ans, chacun d'eux aurait dû avoir son centre de formation - dont aucun n'a vu le jour - alors que c'était la condition essentielle de l'agrément donné aux clubs professionnels. A ce niveau, toutes les institutions du football en portent la responsabilité autant la FAF, la LFP, que les clubs, mais aussi les instances politiques en charge du sport qui ont fait montre de laxisme quant aux objectifs qu'ils ont, eux-mêmes, tracés pour notre football. Même si le professionnalisme était une exigence de la FIFA, il n'en reste pas moins que l'on peut supposer que les autorités sportives du pays avaient, aussi, des buts précis à réaliser pour dynamiser la pratique et donner à notre jeunesse les moyens de s'extérioriser. Or, les «EN» des petites catégories [U15, U17, U19, U21] sont quasiment absentes des joutes africaines, se faisant régulièrement éliminer dès les qualifications. Aussi, l'un des objectifs de la professionnalisation du football n'était-il pas de fournir aux Equipes nationales des footballeurs capables de défier les grandes nations sportives africaines? Nous n'en sommes pas là. En revanche, chaque année les clubs formateurs (souvent pauvres tels l'OMR, le PAC, l'ASMO en particulier) sont dépouillés de leurs meilleurs éléments. Une nouvelle saison débute avec les mêmes manques, les mêmes problèmes et les mêmes approximations. Aucune leçon tirée de sept ans d'expérience professionnelle. Le gâchis!