Erigée le long d'Ahfir et de Beni Drar, deux petites villes marocaines situées à la frontière algérienne, pour mettre fin aux trafics de drogue et de carburant, cette muraille de plus de 3 mètres de haut, longue de 5 kilomètres, ne cesse de faire jaser. L'Algérie n'en peut plus. Son territoire est devenu un marché à ciel ouvert du trafic de cannabis. Des dizaines de tonnes nous sont bombardées à partir du Maroc, premier producteur mondial de ce type de drogue. Plus de 69 tonnes de résine de cannabis ont été saisies durant les six premiers mois de l'année 2016. «Au total, 69.400,840 kg de résine de cannabis ont été saisis durant le premier semestre de l'année 2016, dont 77,41% dans la région ouest du pays», a indiqué dans un rapport rendu public le 16 août l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt). Près de 80% de ces quantités ont été saisies à l'ouest du pays. Autant de narco-bombes qui risquent d'empoisonner les forces vives du pays si l'on se fie au nombre de plus en plus croissant des jeunes consommateurs. Une étude menée en Algérie en 2010 par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Oncldt) avait révélé qu'environ 300.000 Algériens, de 12 à 35 ans, consommaient de la drogue. Ce ne seront pas les nombreux rapports émanant de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onduc) ou le département américain qui ont épinglé, blacklisté le royaume, à maintes reprises sur cette question qui le feront renoncer à ses noirs desseins qu'il prédestine en priorité à l'Algérie. Devant le laisser-faire des autorités marocaines, les autorités algériennes ont, tout à fait, légitimement décidé de réagir en érigeant un mur de plus de 3 mè-tres de haut d'une longueur de 5 kilomètres le long d'Ahfir et de Beni Drar, deux petites villes marocaines situées à la frontière algérienne, pour mettre fin aux trafics de drogue et de carburant. Une réaction qui fait jaser ceux qui veulent enterrer l'Algérie vivante. Les voix les plus récalcitrantes s'élèvent étrangement à partir de chez nous. La presse marocaine, qui n'en demande pas mieux, applaudit. Que peut-elle faire d'autre lorsque l'on sait ce que l'économie du royaume tire de ces types de commerce illicite? La culture du cannabis au Maroc est estimée à 3,1% du produit national brut (PNB). Elle lui rapporte plus de 10 milliards de dollars par an. «La culture du cannabis procure des revenus à 800.000 personnes et représente 3,1% du PIB agricole du Maroc», indique pour sa part un rapport du département américain publié le 12 mars 2013. En ce qui concerne l'autre business tout aussi juteux il fait carrément tourner toute l'économie d'une bonne partie du royaume: la contrebande de carburant avec Oujda, Taourirt, Berkane, Figuig, Saïdia, Jerrada..., Nador et sa périphérie qui représentent la plus grande zone économique du Nord-Est marocain à 70 km de la frontière algérienne et Al Hoceima, qui vivent essentiellement de ce trafic. «70% de l'économie de la région du Maroc oriental dépendent de la contrebande et nous estimons le chiffre d'affaires moyen de cette activité à 6 milliards de dirhams par an. Le secteur informel emploie plus de 10 000 personnes et couvre l'essentiel des besoins de consommation», avait fait constater la Chambre de commerce, d'industrie et de services d'Oujda dans une étude qui avait été consacrée à la pratique du commerce illégal (L'Expression du 19 août 2013). Une saignée pour l'économie algérienne. «Nous avons 1,5 milliard de litres qui sortent du pays d'une manière illégale. Cela représente une perte d'un milliard de dinars», avait déclaré, le 22 juillet 2013 l'ex-ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. De quoi faire tourner 600.000 véhicules! Une semaine auparavant, l'ancien ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, avait indiqué que près de 25% de la production nationale de carburants «sont exportés illégalement» vers les pays voisins. Il est certain que, dans ces conditions, le mur dressé pour protéger la population algérienne du fléau de la drogue et son économie de la contrebande du carburant, va se transformer en mur des lamentations.