L'affaire connaîtra de nouveaux rebondissements, selon la défense. Dix ans après la mutinerie de Serkadji, qui s'est soldée par un lourd bilan de 100 morts, l'affaire qui a défrayé la chronique en 1995, est remise de nouveau sur le tapis à la faveur du procès du principal accusé Hamid Mebarki, le gardien de l'établissement pénitentiaire et le principal inculpé dans ces troubles. Contacté par nos soins, Me Bachir Mecheri, l'avocat de Mebarki, nous affirme que «le procès va reprendre le 9 mars prochain». Très confiant, l'avocat déclare que «l'affaire connaîtra de nouveaux rebondissements», sans pour autant révéler leur nature : «Il sera plus judicieux, ajoute-t-il, d'attendre l'ouverture du procès». Les avocats de Mebarki adopteront-ils une nouvelle stratégie de défense? A retenir que Me Mecheri a affirmé le 31 juillet dernier devant le juge que «Mebarki lui a fait des révélations graves. Des vérités cachées jusqu'ici pour protéger des parties». Ce dernier a estimé que «les déclarations de Mebarki au lendemain de la mutinerie, enregistrées dans les procès-verbaux, ont été arrachées sous la torture». Pour sa part, Me Boumerdassi, membre du collectif d'avocats nous avait déclaré précédemment, que la stratégie de la défense devra se baser sur un aspect principal. Il s'agit, selon notre interlocutrice, de «prouver que l'arme du crime utilisée dans l'assassinat des quatre gardiens de la prison n'était pas celle que Mebarki aurait introduite dans cet établissement pénitentiaire». Pour comprendre, il faut savoir que Mebarki est accusé d'avoir réussi à glisser dans une boîte de gâteaux, des pistolets à la veille du drame. Ces armes étaient destinées aux mutins pour l'assassinat des gardiens. Or, selon la défense, «le directeur de la prison avait confirmé que ces derniers avaient été égorgés.» Partant de ce détail, la défense exige la convocation des «témoins clés», à savoir le juge d'instruction en charge de l'enquête, le directeur de Serkadji, son adjoint et les prisonniers qui ont assisté à la prise d'otages le 21 février 1995. Des témoins qui ont brillé par leur absence à la réouverture du procès le mois de juillet 2004. Après cinq reports et face à l'insistance de la défense, qui a menacé le 21 juillet de se retirer, le juge avait décidé de renvoyer l'affaire à la session criminelle de l'année en cours. Pour rappel, Hamid Mebarki devra répondre des chefs d'accusation de meurtre avec préméditation et d'incitation à la rébellion. Il a été jugé pour la première fois le 14 janvier 1998 avec 37 autres accusés. Le deuxième procès qui a eu lieu en mars 2001 avait servi à réhabiliter quinze prévenus, qui ont été totalement innocentés. Mebarki, quant à lui, a été condamné à perpétuité. Trois ans après, le tribunal de Sidi M'hamed décide de rejuger l'affaire après le pourvoi en cassation introduit par la défense. Les faits remontent à la nuit du 21 févier 1995, où une tentative d'évasion est alors organisée par quatre détenus jugés dans des affaires de terrorisme, et ce, dans l'aile des condamnés à mort de la prison de Serkadji; l'évasion se transforma en mutinerie: 96 prisonniers et quatre gardiens ont laissé leur vie dans ces troubles.