La défense craint un nouveau report. C'est aujourd'hui que doit être rejugée l'affaire de la mutinerie de Serkadji au niveau du tribunal de Sidi M'hamed. Prévu pour le 6 juillet, le procès a été renvoyé au 15 en l'absence du juge chargé de l'affaire, lequel devait subir une intervention chirurgicale. Un argument qui laisse «perplexe» les avocats de M.Hamid Mébarki, le gardien de l'établissement pénitencier, et le principal accusé dans cette affaire. Ces derniers craignent un nouveau report. Contacté hier par nos soins, Me Boumerdassi Hassiba nous a déclaré n'avoir «reçu aucune nouvelle à ce sujet». «Il faut attendre demain», ajoute-t-elle. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que l'affaire sera traitée par le même juge. «Cela est étonnant, sachant que juridiquement, il est possible de désigner un juge vu que M. Abiza a des problèmes de santé», précise la défense. Il faut savoir aussi que le tribunal a programmé, dans la même journée, deux autres affaires importantes. Il s'agit de l'affaire «Boulemia» l'assassin présumé à Abdelkader Hachani, l'ex-dirigeant du FIS et le procès Chaybi Ben Dahmane, accusé d'appartenance à un groupe terroriste. Un autre détail qui intrigue Me Boumerdassi. Cette dernière précise que 150 témoins sont cités uniquement pour lamutinerie de Serkadji. Toujours en ce qui concerne ce dossier, la défense est en phase d'étudier les témoignages des accusés qui ont été innocentés par la justice, et de voir de quelle manière ces derniers peuvent être utiles à son client. Rappelons que cette affaire remonte au 21 février 1995. Une tentative d'évasion est alors organisée par quatre détenus, jugés dans des affaires de terrorisme et ce, dans l'aile des condamnés à mort de la prison de Serkadji ; l'évasion se transforme en mutinerie : 96 prisonniers et quatre gardiens sont tués. Les gardiens ont été abattus à l'arme blanche par des mutins, tandis que les prisonniers, eux, sont morts lors d'un assaut qui a duré douze heures, après l'échec des négociations, menées côté gouvernement par un général de la Gendarmerie nationale, et côté détenus par le leader islamiste Abdelkader Hachani ainsi que le chef terroriste du GIA, Layada. Hamid Mebarki devra répondre aujourd'hui des chefs d'accusation de meurtre avec préméditation et d'incitation à la rébellion. Il a été jugé pour la première fois le 14 janvier 1998 avec 37 autres accusés. Le deuxième procès qui a eu lieu en mars 2001 avait permis d'innocenter les quinze prévenus. Mebarki, quant à lui, a été condamné à perpétuité. L'affaire est rejugée après le pourvoi en cassation de la défense. La mutinerie avait soulevé une vive polémique. A l'époque, le gouvernement avait mis en place une commission d'enquête. Son rapport a imputé la responsabilité de la mutinerie aux prisonniers, auteurs de la tentative d'évasion. Du côté de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, de sérieux doutes sont émis sur la tentative d'évasion elle-même, ainsi que sur la mutinerie. La Ligue remet en cause ce qui s'est passé à Serkadji et évoque «une liquidation physique collective, planifiée d'avance, de chefs islamistes emprisonnés à l'époque dans cet établissement pénitencier».