Elle exige la convocation du directeur de la prison et des prisonniers témoins du drame. L'affaire de Serkadji risque de connaître de nouveaux rebondissements dans les jours à venir. Le tribunal de Sidi M'hamed a renvoyé, pour la quatrième fois, depuis la réouverture du dossier, le procès de Hamid Mebarki, ce gardien de prison et le principal inculpé dans cette affaire, condamné, rappelons-le, à la prison à perpétuité en 2001. Ce quatrième renvoi a été provoqué, cette fois-ci, et pour la première fois, par la défense. Me Hassiba Boumerdassi, l'avocate de l'inculpé, a fait cette demande après avoir constaté l'absence des témoins clés dans la mutinerie déclenchée le 21 janvier 1995. Il s'agit, selon la défense, du directeur de la prison, de son intérimaire, mais surtout des prisonniers qui purgent actuellement des peines à perpétuité au niveau de la prison de Tazoult, lesquels étaient impliqués directement dans les événements qui se sont soldés par un lourd bilan de 100 morts. «Nous avons adressé une demande le 15 juillet au procureur général pour convoquer l'ensemble des prisonniers sus-cités. La défense ne plaidera pas sans leur présence», a déclaré Me Boumerdassi au juge chargé de l'affaire. Après une consultation qui a duré pas moins de 10 minutes, le tribunal annonce le renvoi de l'affaire au samedi 31 juillet ; avec cette précision, à l'adresse de Hamid Mebardki, qui était dans le box des accusés et à la défense: «L'affaire sera jugée le 31 juillet avec ou sans les témoins sus-cités», une mise en garde à peine voilée pour la défense. Le juge n'a donné aucune explication sur cette absence. «Les convocations auraient été envoyées aux prisonniers, mais personne n'est en mesure de nous expliquer les raisons de cette défection», précise Me Boumerdassi, laquelle s'est présentée seule au tribunal de Sidi M'hamed, sans le deuxième avocat, Me Bachir Mecheri, dont l'absence n'a pas été non plus expliquée. Dans la foulée, l'avocate de la défense a fait savoir son intention de se retirer de l'affaire si le tribunal persiste dans sa position. Il faut savoir que la défense compte énormément sur les témoignages des prisonniers tels que celui d'Askri Djamel Eddine et de Bendebaghi ainsi que celui du directeur de Serkadji pour prouver que Mebarki n'était pas le seul impliqué dans la mutinerie. Il s'agit aussi de démontrer au juge que les «armes ayant été utilisées contre les quatre gardiens de prison la nuit du drame, n'ont pas été introduites par Hamid Mebarki». Sur cette dernière question, le témoignage du directeur de Serkadji est plus que capital. Sachant qu'il aurait déclaré, au lendemain de la mutinerie que les 4 victimes avaient été égorgées à l'arme blanche. Donc «les pistolets dont on accuse Mebarki de les avoir glissés la veille du drame n'ont pas servi», un détail important qui pourrait servir d'argument pour alléger la peine de prison à perpétuité. Avant d'annoncer le renvoi, le tribunal a appelé un par un les témoins au nombre de 100. Ces derniers représentent la partie civile (les parents des victimes) et les otages.