Un discours qui fait chaud au coeur Dans un discours prononcé samedi dernier le souverain marocain fait référence à la date historique du 20 Août 1955 qui semble avoir scellé pour l'éternité le destin des peuples algérien et marocain. Il aura fallu que l'histoire qu'ont en partage les deux pays s'en mêle pour que le souverain marocain face étalage de toute sa sagesse. Et ce n'est pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de celle qui les a conduits successivement à l'indépendance. L'histoire s'est télescopée un certain 20 Août 1955, date choisie par Zighout Youcef pour lancer l'offensive du Nord Constantinois pour donner un nouveau souffle à la révolution algérienne, le jour même où le roi Mohammed V, paix à son âme, fut déposé puis contraint à l'exil en Corse puis à Madagascar. Une date, deux événements, un destin commun. Figure emblématique de la résistance à l'occupation française Sidi Mohammed n'a pas lésiné sur les moyens pour soutenir la révolution algérienne. «Cette étape historique portait la marque de la coordination et de la solidarité entre les chefs de la Résistance marocaine et le Front de libération nationale algérien», rappelle Mohammed VI dans un discours prononcé, samedi dernier à l'occasion du 63è anniversaire de la Révolution du roi et du peuple. Le peuple algérien a fêté son retour d'exil et l'a pleuré le jour de sa disparition un certain 26 février 1961 au point de lui dédier une chanson culte interprétée par Seloua, star de la chanson algérienne de l'époque. Mohammed V ou Sidi Mohammed ben Youssef restera le garant de l'amitié indéfectible entre les peuples des deux pays et de l'avenir commun qu'il leur reste à construire. Le roi du Maroc fait référence à cette date historique du 20 août 1955 qui semble avoir scellé pour l'éternité le destin des peuples algérien et marocain. «En effet, il a été convenu de faire du deuxième anniversaire de la Révolution du 20 août, l'occasion d'étendre la révolution à tous les pays maghrébins; ce qui a donné lieu à des soulèvements populaires dans les différentes régions du Maroc et de l'Algérie», affirme l'héritier de feu Hassan II. La guerre de libération dont la flamme vacillait à ses débuts avait besoin d'une bouffée d'oxygène pour faire feu de tout bois. Ce souffle salvateur viendra de nos frères marocains. «De plus, la Résistance marocaine a apporté son soutien matériel et moral à la Révolution algérienne, en butte à une campagne violente engagée à son encontre par les forces coloniales qui entendaient la réduire à néant avant même qu'elle ne fête son premier anniversaire», souligne Mohammed VI. Dans quel objectif? «Ce soulèvement et cette solidarité ont contribué à redonner vie à la Révolution algérienne. Tant et si bien qu'à terme, les deux pays ont joué un rôle majeur dans la libération et l'indépendance de l'Afrique.», explique le souverain marocain dans une allocution apaisée, unique en son genre, depuis son accession au trône. Une déclaration qui a fait chaud au coeur des Algériens qui l'ont chaleureusement applaudie et abondamment commentée, de façon très positive. Elle aurait pu être prononcée par feu son grand-père. Bon sang ne saurait mentir. Le roi du Maroc vient-il d'envoyer un signal pour qu'une ère nouvelle puisse s'ouvrir dans la coopération entre les deux pays. Si oui, il est indéniable que l'on soit prêt à le suivre. La visite, au mois de juillet, de son envoyé spécial Nacer Bourita, ministre délégué aux Affaires étrangères, qui était porteur d'une missive destinée au président Bouteflika au lendemain des attentats qui ont ciblé la ville de Nice peut être interprétée comme étant un signe de volonté de rapprochement entre Rabat et Alger. «L'accent a été particulièrement mis sur la sécurité régionale, notamment la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé, les questions liées à la migration et la problématique du développement», avait souligné un communiqué des services du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait ajouté que les discussions ont également porté sur «les relations bilatérales, tout comme elles ont permis un échange de vues sur les défis auxquels sont confrontés l'Afrique et le Monde arabe», avait précisé le même canal d'information. Le royaume qui veut jouer un rôle de premier plan au Maghreb et en Afrique doit d'abord faire son retour au sein de la famille africaine. Il sait pertinemment que l'Algérie soutiendra son adhésion à l'UA. Et pour peu que le pouvoir marocain daigne accepter l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental qui puisse permettre au peuple sahraoui de décider librement de son destin. L'Algérie applaudira des deux mains le verdict. Plus rien ne s'opposera alors à la construction du Grand Maghreb, à une politique commune pour le développement du continent et à la réouverture des frontières...