Fort de la signature hier à Nairobi de 73 accords commerciaux avec des entreprises japonaises, l'Afrique entend avant tout accélérer le développement de la transformation des matières premières et de la manufacture, industries autrement plus lucratives que la simple exploitation de ressources brutes. Ces accords conclus entre sociétés africaines et japonaises couvrent des secteurs tels que l'énergie, la nourriture et les infrastructures, mais aussi la santé, la finance et la sécurité. Ils ont été signés dans le cadre de la sixième Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (Ticad). «Il est évident que la force du secteur privé sera essentielle si l'Afrique veut poursuivre sa croissance», a déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe lors de la session de clôture de la Ticad, organisée pour la première fois sur le sol africain, et non au Japon comme c'est le cas depuis l'édition inaugurale de 1993. Organisée conjointement par l'ONU, l'Union africaine, la Banque mondiale et le Japon, la Ticad est une opportunité pour l'Afrique d'attirer des capitaux japonais. Cette conférence à laquelle participaient une trentaine de chefs d'Etat est pour Tokyo le moyen de se démarquer des autres grandes puissances économiques investissant en Afrique, à commencer par son puissant voisin chinois. Samedi, le Japon s'est engagé à investir quelque 30 milliards de dollars (27 milliards d'euros) en Afrique sur les trois prochaines années, dont 10 dans les infrastructures du continent. Ces investissements viseront principalement à mettre en oeuvre les objectifs choisis pour cette Ticad: l'industrialisation et la diversification de l'économie africaine, l'amélioration des soins de santé d'un continent régulièrement touché par des épidémies et la stabilisation de l'Afrique, minée par de nombreuses crises. Hier, le président kenyan Uhuru Kenyatta s'est quant à lui réjoui de la possibilité qu'offrent ces accords de moderniser et diversifier l'industrie africaine, précisant notamment que son gouvernement souhaite faire évoluer l'économie kenyane «de la production et exportation de matières premières vers la production de biens manufacturés de haute qualité». Le vice-président kenyan William Ruto a de fait rappelé que les matières premières représentaient actuellement l'écrasante majorité des exportations africaines, ce qui rend l'économie du continent vulnérable aux fluctuations de la valeur de ces ressources. Le pétrole brut compte par exemple pour 50% des exportations, selon M.Ruto. Or, l'Afrique entend accélérer le développement de la manufacture et l'essor de l'industrie de la transformation des matières premières afin d'exporter davantage de produits à haute valeur ajoutée.