C'est décidément la guerre entre les deux géants de l'audiovisuel européen Bolloré et Berlusconi. Dans un communiqué envoyé à la rédaction, nous avons appris que la société de Berlusconi, Mediaset, a attaqué en justice le groupe Bolloré pour annulation du contrat (supérieur à un milliard et demi d'euros). Le groupe italien assigne Vivendi à verser une indemnisation de 50 millions d'euros par mois de retard, dans l'exécution du contrat. Par ailleurs, Fininvest, la holding détenue par la famille de Silvio Berlusconi qui possède 35% du capital de Mediaset, a elle aussi déposé un recours en justice le 23 août en cours afin de réclamer 570 millions d'euros d'indemnités à Vivendi. La rupture de contrat mettrait un terme au plan audiovisuel géant de Vivendi, qui ambitionnait de créer un «Netflix européen», en nouant des alliances avec les principaux acteurs de la télévision payante en Europe. C'était Tarek Ben Ammar qui est membre du conseil d'administration de Vivendi et ami de longue date de Berlusconi qui avait établi les contacts entre les deux groupes. Les tensions entre les deux plus grands groupes audiovisuels européens ont commencé entre Mediaset et Vivendi le 25 juillet dernier, quand le groupe français est revenu sur sa décision de racheter 100% de la plateforme de télévision payante Mediaset Premium. Vivendi propose désormais de ne racheter que 20% de Mediaset Premium et de prendre en contrepartie une participation de 15% dans le capital de Mediaset, une offre qui a été refusée par le groupe italien. Selon ce contrat, Vivendi devait racheter la plate-forme de pay-TV, Mediaset Premium, et rentrer dans le capital de Mediaset à hauteur de 3,5%. Le 26 juillet donc le groupe français, propriété de l'homme d'affaires Vincent Bolloré, a souhaité modifier les termes du contrat. Désormais, Vivendi propose de ne racheter que 20% de Mediaset Premium, et de monter sa part dans le capital de Mediaset à 15% sur trois. Le conseil d'administration de Mediaset, a jugé cette proposition «inacceptable», et s'est dit prêt à engager des actions «civiles et pénales», afin que Vivendi respecte les termes du contrat. Vivendi a expliqué que ce changement est dû à des «différends significatifs» avec le groupe italien sur les prévisions de Mediaset Premium, découvrant que ce plan d'affaires était «au mieux optimiste, voire irréalisable». Mediaset avait précisé avant la signature du contrat, que la télévision payante retrouverait l'équilibre en 2017 et les bénéfices en 2018. Mais les pertes constatées lors des deux premiers trimestres de 2016 (63,7 puis 37,1 millions d'euros) ont créé le doute chez Vivendi, qui a réalisé une analyse chez un cabinet d'études au mois de juin pour évaluer réellement la balance commerciale de Mediaset Premium. Cette querelle des géants va également mettre fin à la chaîne cryptée en Europe, surtout avec l'arrivée de la concurrence américaine, la télévision via le Net et Netflix. [email protected]