Jean-Pierre Chevènement est très sollicité par la presse française. Après avoir déclaré la semaine dernière qu'il n'était encore que «pressenti» pour Fondation pour l'islam de France, il envoie une contribution au Monde. Jean-Pierre Chevènement a intitulé sa nouvelle contribution avec un titre évocateur: «Construire un pont entre l'islam et la République.» Cet ancien ministre écrit que «le regain du fondamentalisme religieux en terre d'islam est un fait avéré depuis 1979 et que l'Occident d'ailleurs, n'y a pas peu contribué et qu'il devrait en faire son examen de conscience. Jean-Pierre Chevènement indique que l'islam de France lui a toujours paru être une grande cause nationale. Avec 4,1 millions de fidèles, selon l'Institut national d'études démographiques (Ined), il constitue la deuxième religion du pays. Certes, tous les immigrés d'origine maghrébine, africaine ou turque, et pour la plupart de nationalité française, ne sont pas musulmans, mais ils le sont majoritairement, écrit-il. Selon lui, ils ont le droit de pratiquer leur culte. «C'est pour favoriser leur intégration qu'en 1999 j'avais lancé une consultation réunissant les grandes sensibilités de l'islam présentes en France. Elle a permis d'élaborer une déclaration de principes afin de préciser les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman.» Les principes républicains ont été rappelés sans exclusive et le recensement a été fait de tout ce qu'ils permettaient. C'est sur cette base qu'a pu être créé, en 2003, le Conseil français du culte musulman (Cfcm), Jacques Chirac étant président de la République et Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur. «J'ai moi-même approuvé cette création dont le bilan est souvent excessivement décrié, mais qui a l'immense mérite d'exister et qui a condamné fermement et publiquement les attentats terroristes en novembre 2015 par une déclaration lue dans toutes les mosquées de France», ajoute-t-il. Il précise que le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, «dont j'apprécie la maîtrise qu'il a à la fois de ses dossiers et de sa parole, a souhaité relancer le processus initié il y a bientôt dix-sept ans». C'est dans ce cadre qu'est annoncé comme futur président de la Fondation pour l'islam de France, Jean-Pierre Chevènement qui a fait parler de lui cet été en conseillant «la discrétion» aux musulmans, alors que les polémiques et les amalgames n'en finissent plus de toucher la communauté musulmane. L'ancien ministre qui se dit «très attaché aux principes de laïcité», est pour «enseigner le fait religieux», et il ne cesse de donner son point de vue sur le contexte politique et social actuel en France et dans le monde musulman. Jean-Pierre Chevènement voit dans la construction d'un islam de France, autour d'une fondation dont il doit prendre la présidence, une cause nationale qui devrait réunir la gauche et la droite. Globalement, cette fondation, qu'il faudra reconnaître d'utilité publique, doit respecter le principe de la laïcité, donc son objet est profane: elle sera en charge de questions sociales, culturelles et éducatives dit-il.