Malgré les tumultes suscités par les radicaux, la Kabylie ne fait plus mystère de son soutien à l'option du dialogue. Au moment où le Chef de l'Exécutif, Ali Benflis, réaffirme la volonté du Président à satisfaire les revendications formulées à travers la plate-forme d'El-Kseur, les délégués n'en finissent pas de régler leurs comptes. Entre ceux qui plaident pour le dialogue et la minorité qui veut, à nouveau, embraser la Kabylie, les habitants du Djurdjura semblent plutôt favorables aux premiers. Désormais, les dialoguistes, forts du soutien des populations et des formations politiques représentatives dans la région, ne se sentent plus menacés par le désaveu public, brandi à tout bout de champ par les jusqu'au-boutistes. Plus que jamais fidèle à M.Hocine Aït Ahmed, la Kabylie semble décerner un satisfecit aux dialoguistes pour prendre langue avec le pouvoir. Mais aussi et surtout pour déghettoïser la région et éviter à tout prix l'effusion de sang en Kabylie. La vision du FFS, largement partagée par le FLN, le PT de Mme Louisa Hanoune et les forces démocratiques, a totalement blanchi les dialoguistes. Et l'appartenance supposée des radicaux aux partis de Saïd Sadi et de El-Hachemi Chérif a rendu si soupçonneux les Kabyles à l'égard du Mouvement citoyen des ârchs. «Nous n'allons pas tout de même rougir devant les champions du «soutien critique» et la gamberge du RCD», affirme un citoyen à Boghni. «Ceux qui devraient avoir honte, enchaîne notre interlocuteur, et emprunter un souterrain pour se cacher, sont ceux qui enflamment les esprits et poussent les jeunes à l'affrontement (...). On dialogue non pas pour légitimer le pouvoir, mais pour faire valoir les droits légitimes des populations du pays.» D'autres citoyens ne font plus mystère de leur soutien à l'option du dialogue. C'est le cas notamment à Draâ El-Mizan où à quelques heures seulement de la rencontre ârchs-Benflis, les citoyens dressent un constat à la faveur du dialogue. «Ceux qui rejettent l'idée du dialogue doivent nous expliquer les raisons d'un tel refus (...). Si on ne dialogue pas maintenant, les querelles de leadership tueront, à coup sûr, le mouvement et toutes nos revendications», déclare un citoyen visiblement affecté par le désarroi de la mère du jeune Didouche, mort lors des émeutes qui ont secoué la région.