Le menu de cette rencontre de deux jours sera aussi chargé que décisif, apprend-on de sources gouvernementales. C'est désormais quasi officiel. Sauf incident majeur qui pourrait induire un nouveau report, la tripartie aura lieu les 3 et 4 mars prochain. C'est ce que nous apprenons de sources proches du gouvernement. L'ordre du jour de cette rencontre, qualifiée «d'historique» et de «décisive» par tous, n'a toutefois pas été encore fixé. Jusqu'à hier, tard dans la journée, les concernés attendaient toujours que ce document leur soit transmis. Il semble que le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, se soit trouvé en butte à quelques problèmes auprès des organisations patronales qui continuent toujours d'insister afin que l'amnistie fiscale et le régime préférentiel en direction du patronat, dans le cadre des privatisations en cours, soient inclus à cet ordre du jour. Le chef du gouvernement, nous disent des sources qui en sont proches, «est allé jusqu'au bout pour tenter de convaincre ses interlocuteurs de l'impossibilité d'inclure ces deux questions importantes à l'ordre du jour de la tripartite». Les arguments ne manquent pas à l'appui de ce refus. Cela suppose de facto, donc, la nécessité absolue de respecter l'Etat de droit quelles que soient les circonstances, ce qui implique le paiement des redevances fiscales, sauf pour des cas spécifiques, comme cela a été le cas en Kabylie durant son terrible Printemps noir. Dans le même cadre, les services gouvernementaux refusent catégoriquement d'entendre parler de «régime préférentiel» en direction des éventuels repreneurs algériens, attendu que tout est fait, précisément, afin que les capitaux étrangers soient attirés par les 1200 entreprises publiques, sur les 1303 que compte le pays, mises en vente depuis le mois de novembre passé. Le gouvernement a un autre argument solide à faire valoir. A savoir la reprise par le groupe SIM des deux usines d'eaux minérales gazeuses Mouzaïa et Ben Haroun au prix fort, incluant même les dettes publiques avec, à la clé, des coûts onéreux d'investissement dans le cadre de la modernisation des équipements de ces deux entreprises et l'amélioration de la qualité et de la quantité des bouteilles produites. Toujours est-il que le grand débat de cette tripartite achoppera sans nul doute sur ces privatisations. L'Ugta, comme nous l'indiquent des sources qui en sont proches, «a l'intention de mettre le paquet afin que les engagements du chef du gouvernement soient intégralement retranscrits dans l'accord final, censé inclure l'assentiment de la quasi-totalité des organisations patronales algériennes». Il est question, notamment, de la préservation des emplois, de la modernisation des équipements des entreprises cédées afin que de nouveaux postes puissent être créés et que les équilibres financiers soient améliorés. Ce n'est pas tout. La Centrale souhaite, pour ne pas dire exige, que les droits sociaux et syndicaux soient garantis sous le nouveau régime privé de ces entreprises. Il y va carrément de la survie de ce syndicat que Bouteflika en personne soutient de la manière la plus officielle qui soit. En effet, l'Ugta, dans l'état actuel des choses, n'est présente qu'à hauteur de 1 % au niveau des entreprises publiques activant déjà dans le pays. Il est prévu également que le gouvernement présente, à cette occasion, le bilan des entreprises privatisées au profit des travailleurs. Les travaux de cette tripartite porteront, en outre, sur l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 fixant le Snmg à 10.000 DA ainsi que sur le dossier de la stratégie industrielle des entreprises publiques. La question du Snmg, qui tient particulièrement à coeur à l'Ugta, fera que l'abrogation de cet article permettra que les salaires seront substantiellement revus à la hausse puisque les primes ne seront plus incluses dans les calculs. Dans un document dont notre journal avait fait état, élaboré par le ministère des Finances lui-même, il ressortait à l'appui de cet article, que dans le meilleur des cas, la dernière augmentation du Snmg, passée de 8000 à 10.000 dinars, n'a atteint qu'un peu moins de 200 dinars au lieu des 2000 escomptés, ce qui dénote toute l'importance de ce point. En outre, le dossier portant sur l'amélioration du système de sécurité sociale avec ses différents aspects qui concernent essentiellement les pensions de retraite, les droits des assurés et le rôle des mutuelles, sera également discuté lors de cette nouvelle édition de la tripartite.