C'est une de ces histoires où chacun cherche à rejeter la faute sur l'autre. Les sports mécaniques en Algérie sont une discipline sportive qui est gérée par une fédération, la FASM, qui semble se complaire dans la sérénité. En tout cas, ce n'est pas dans ce giron que vous risquerez de trouver des affaires aux relents de scandale. Pourtant, il est arrivé qu'elle soit perturbée par une histoire où l'incompréhension règne en maîtresse. C'est, du moins, le sentiment que nous avons ressenti en y enquêtant. Il s'agit du différend opposant la FASM à un club, le Team Elite Motors Sports en l'occurrence, dont le siège social est à Kouba et qui est présidé par M.Dahmane Allaoua. En août 2001, ce dernier avait convié d'anciens pilotes et responsables du sport mécanique à une rencontre à l'hôtel du Mouflon d'or du parc zoologique de Ben Aknoun. Cette rencontre, selon M.Allaoua, se devait être une prise de contact en vue de la relance de la discipline. Comme convenu, tout ce beau monde s'était retrouvé, ce jour-là, dans ledit hôtel et l'on pouvait penser que l'affaire allait en rester là. Or, celle-ci prit une tournure à laquelle on ne s'y attendait pas. En effet, ayant eu vent de la réunion, le président de la FASM, M.Hamid Sidi-Saïd, avait pris contact avec M.Allaoua pour lui faire savoir qu'il n'était pas du tout d'accord avec sa démarche. Le responsable fédéral lui avait même indiqué qu'il avait empiété sur les prérogatives de la FASM et que ceci relevait de la sanction disciplinaire selon les statuts et le règlement intérieur de la fédération. «J'étais d'autant plus étonné par cette réaction que l'initiative de la réunion était venue du président de la FASM, nous a dit M. Allaoua. C'est lui qui avait demandé à me voir pour me proposer de réunir d'anciens champions de la discipline afin de relancer celle-ci . Il y avait ce jour là avec nous M. Beggar, le président du club de Birkhadem et il peut confirmer ce que j'affirme». «Ceci est absolument faux, nous a répondu M.Sidi-Saïd. Comment aurais-je pu proposer à ce monsieur de réaliser une opération que seule la fédération était réglementairement capable de faire. Ce qu'il a entrepris n'était qu'une tentative de déstabilisation de la fédération. Il avait même invité la presse et la télévision. C'est vous dire que ce n'était pas du tout une simple réunion». L'affaire s'était envenimée par la suite car, la discussion téléphonique avait vu le ton monter d'un cran. «Il m'a tenu des propos inqualifiables, nous a dit M. Sidi-Saïd. Je vous dirai tout simplement qu'il m'a insulté. De ce fait je ne pouvais rester sans réaction. Il me fallait réunir le bureau fédéral pour qu'il se prononce sur cette affaire.» Bien entendu, M.Allaoua a réfuté l'accusation parlant d'insultes de sa part: «Je n'ai pas pour habitude d'insulter les gens. Le président de la FASM n'a fait que chercher un prétexte pour nous sanctionner.» Effectivement, la sanction n'avait pas tardé à tomber puisqu'en date du 20 août 2001, le bureau fédéral de la FASM prononça la suspension de l'affiliation du Team Elite Motors Sports. Une sanction rejetée par les responsables du club. «Comment peut-on suspendre notre club alors qu'on ne nous a pas entendu?, indique M. Allaoua. A la rigueur, je peux accepter qu'on me suspende, pourquoi, alors, s'en prendre au club et lui interdire d'activer ?Le club n'a pas à être mêlé à cette histoire. Il faut que les pouvoirs publics se penchent sur ce cas, car ce n'est qu'un abus de pouvoir». Ce à quoi M.Sidi-Saïd a tenu à répondre: «Le bureau fédéral n'a pas tenu, seulement, compte des agissements de M.Allaoua dont je vous avais parlé. Sachez que ce monsieur est allé trop loin. Il m'a envoyé des lettres dont certaines sont diffamatoires envers ma personne (l'intéressé nous a montré quelques-unes de ces lettres où le ton est particulièrement virulent). Ces mêmes lettres, il les a diffusées sous forme de tracts à des gens des sports mécaniques. Comme vous le voyez, il va jusqu'à m'accuser de favoriser mon fils (il est le père de Nassim, le champion de formule 3). Or, il se trouve que lorsque Nassim était à la charge de la fédération, je n'en étais pas le président. Depuis que je le suis, il vole de ses propres ailes. M.Allaoua va jusqu'à m'accuser d'actions frauduleuses. Il faut que vous sachiez que M. Allaoua s'en était pris, également, à mon prédécesseur. Lorsqu'il avait voulu faire affilier son club, le président de la FASM de l'époque s'y était opposé et c'est moi qui suis intervenu pour le faire revenir sur sa décision. Vous voyez un peu comment me remercie M.Allaoua. Il a dépassé les limites du tolérable. Pour moi, cette affaire est close et Dieu sait combien j'ai été patient car rien ne m'empêchait de saisir les tribunaux. On ne peut revenir dessus.» Le président de la FASM se montre d'autant plus intransigeant que pour lui ce club ne serait «qu'une affaire de famille. Ils ne sont pas plus de quatre à y activer». Comme on le voit, c'est à une sorte de bras de fer que l'on assiste mais il semblerait qu'il penche pour la fédération qui aurait l'appui du MJS. Ce dernier entend ne pas s'en mêler, prouvant en cela qu'il laisse la fédération agir selon sa propre conviction. Cependant, on ne peut que déplorer que l'on soit arrivé à une telle situation car, les sports mécaniques n'avaient vraiment pas besoin d'une telle histoire.