Les enquêtes relatives au foncier agricole à Oran commencent à semer la panique au sein des salons qui s'étaient servis de la passivité de l'administration locale, quand ce n'était pas de sa complicité, durant de longues années. Il y a quelques jours, le directeur des services agricoles, interrogé sur les ondes de la chaîne de radio locale, avait annoncé que les dérapages avaient commencé en 1994, bien avant la promulgation, du temps de l'ex-président Zeroual, du décret 866 en 1996 fixant les conditions d'attribution des terres agricoles. Ses déclarations n'ont pas convaincu bon nombre d'attributaires et de fellahs qui y avaient vu une façon de couvrir des attributions contraires à la réglementation effectuées en 2002 et 2003. Ces dernières ont été, sur la base d'un arrêté de l'ancien wali, un document que le tout-Oran qualifie de contraire à la réglementation. «C'est un document qui a servi les intérêts d'une large frange de parvenus qui n'ont rien à voir avec l'agriculture et qui ne répondent à aucune condition du décret 866, seule base légale dans ce domaine», dira un fellah. Ces remous qui secouent le secteur de l'agriculture ont provoqué un véritable raz-de-marée. Parmi ses premiers, le retrait de confiance signifié au président de la chambre de l'agriculture dégommé à l'issue d'une assemblée générale houleuse tenue il y a deux semaines. Ce dernier aurait, selon certaines sources du secteur, fait ses bagages et quitté le territoire national, une information confirmée par des employés de la chambre de l'agriculture mais mise en doute par des fellahs. Ce dernier serait un maillon dans les gros trafics qu'a connus le secteur puisqu'on raconte qu'il serait mouillé dans la vente de plusieurs cartes donnant la qualité de fellah à des individus ne connaissant de la terre que sa couleur. Nous promettons à nos lecteurs des révélations croustillantes dans nos prochaines éditions, puisque nous sommes en train de recueillir des preuves accablantes sur certains agissements contraires à la réglementation. Outre des listes de bénéficiaires truffées de noms de personnes n'ouvrant pas droit, nous avons des copies des textes juridiques fixant le fonctionnement des opérations d'attribution. En décidant l'ouverture d'une enquête judiciaire, le ministre de l'Agriculture a donné un coup de pied dans la fourmilière au grand dam d'une mafia qui se croyait à l'abri de toute mauvaise surprise.