faire toute la lumière pour débusquer ceux qui se seraient rendu coupables de détournement des terres agricoles de leur vocation initiale. La Gendarmerie nationale vient d'entamer, ce début de semaine, une enquête concernant le dossier du foncier agricole caractérisé par de graves dépassements à Oran. L'instruction fait suite à une réquisition du parquet général, qui a ordonné, conformément aux instructions de M.Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, de faire toute la lumière pour débusquer ceux qui se seraient rendu coupables de détournement des terres agricoles de leur vocation initiale. Oran est considérée comme «un mauvais exemple». Depuis 1994, la rue avait commencé à évoquer des cas de dilapidation, de détournement et vente illicite de terres agricoles. A l'époque, l'Etat avait, dans le cadre de la réorganisation du secteur, cédé en concession des parcelles aux EAC et EAI. Cette dynamique, qui visait à réactiver un secteur torpillé par des politiques et des visions inadaptées, a été pervertie par l'apparition de la fièvre du foncier urbanisable. A Oran, ce fut la ruée vers la création de coopératives immobilières dont plusieurs furent constituées sur la base de prête-noms. Ces dernières, une fois créées, s'installèrent sur des terres à haute production agricole, des terres qui furent détournées en recourant à de simples désistements établis par de simples employés de l'APC sur la base d'une déclaration sur l'honneur contre-signée par deux témoins. Ce fut la curée et, si par malheur, il existait parmi les bénéficiaires de terres agricoles des récalcitrants qui refusaient de signer tout désistement, on recourait à la menace et à des mesures de rétorsion qui prenaient parfois des formes inimaginables. Des richesses se constituèrent grâce au dépeçage du foncier agricole, et la spéculation foncière devint une caractéristique du marché à Oran, au grand dam de plusieurs promoteurs immobiliers qui se virent contraints de subir les conséquences de la fièvre. D'ailleurs, plusieurs projets de promotion immobilière tombèrent à l'eau par la faute d'une mafia qui avait pris les commandes du marché du foncier local. Livré à ce jeu, le foncier agricole subit un grand préjudice et des terres agricoles très fertiles se virent livrées à l'agression du béton. Il y a quelques jours, les services de la DSA, dans une enquête préliminaire, avaient découvert la délivrance de 8000 titres de concession, des concessions parfois ne répondant à aucun critère légal. Dans ce lot, 2000 bénéficiaires sont soupçonnés d'avoir détourné de leur vocation des terres agricoles à Misserghine, Es-Sénia, Aïn El Turck, Boutlelis ou Bir El Djir qui a subi une véritable hémorragie au point où la vox populi lui a donné, aujourd'hui, le nom de Bir El Djib (le puits de la poche). Les manoeuvres illégales s'étaient retrouvées encouragées par l'administration qui avait fait preuve de laxisme et de passivité parfois outrancière. Il s'est même trouvé au sein de l'administration des relais qui servaient d'intermédiaires dans ce véritable bradage en règle du foncier agricole. Les détournements, qui avaient observé un répit au début 2000, avaient repris ces deux dernières années au point où l'appétit de certains n'a même pas épargné des assiettes situées dans des zones protégées, comme ce fut le cas avec la coopérative des 36 logements à Canastel. Le maire de Bir El Djir, qui a refusé de signer le permis de construire en s'appuyant sur les dispositions du plan directeur de l'aménagement urbain, a été la cible de plusieurs attaques via la presse locale, orchestrées par des parties mouillées dans cette coopérative. La vox populi estime qu'avec l'ouverture de cette enquête par les services de la gendarmerie, et la sortie de prison de l'ex-DAS d'Oran, Kada Hezil, beaucoup de dossiers du foncier vont réapparaître pour éclabousser ceux que les citoyens d'Oran désignent sous le vocable de mafia du foncier qui aurait tout fait pour faire endosser à l'ex-wali, Bachir Frik, tous «ces sales coups». En attendant, nous avions écrit dans bon nombre de nos éditions que le dossier du foncier à Oran est très sensible et il peut ternir l'image de certains, considérés comme intouchables. Nous croyons que le moment est venu pour rendre des comptes, puisque cette fois, la volonté des pouvoirs publics est d'aller vers la vérité, toute la vérité pour faire payer ceux qui ont porté un grand coup au patrimoine foncier qui relève du domaine public.