La police française a déjoué un nouvel attentat jihadiste après la découverte d'une voiture chargée de bonbonnes de gaz au coeur de Paris, notamment grâce à l'arrestation d'un commando de femmes. L'une d'entre elles avait prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).«Un attentat a été déjoué», a déclaré hier le président français François Hollande, en marge d'un déplacement à Athènes. «Un groupe a été annihilé, mais il y en a d'autres», a-t-il ajouté, alors que la France est confrontée depuis début 2015 à une série inédite d'attaques jihadistes. La principale suspecte, Inès Madani, 19 ans, a été interpellée jeudi soir avec deux complices présumées à Boussy-Saint-Antoine, à 25 kilomètres au sud-est de Paris. Elle est la fille du propriétaire de la voiture trouvée ce week-end au coeur du Paris touristique, près de la cathédrale Notre-Dame, le coffre bourré de bouteilles de gaz. Blessée par balle lors de l'intervention au cours de laquelle l'une des femmes a poignardé l'un des policiers venus les interpeller, la jeune femme avait prêté allégeance à l'EI, a indiqué une source proche de l'enquête. Agées de 39, 23 et 19 ans, les trois femmes «radicalisées, fanatisées», «préparaient vraisemblablement de nouvelles actions violentes et de surcroît imminentes», selon le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Le compagnon d'une des trois suspectes, connu des services de renseignement pour islamisme radical, a lui aussi été arrêté jeudi soir aux Mureaux, dans la banlieue ouest de Paris. Le frère de cet homme est actuellement détenu pour ses liens avec Larossi Abballa, un jihadiste qui a tué en juin un policier et sa compagne à leur domicile en banlieue parisienne, a-t-on appris de sources proches de l'enquête. Quatre personnes avaient auparavant été arrêtées dans le centre et le sud de la France. «Il s'agit de deux frères et de leurs compagnes», a précisé une source proche de l'enquête. Inès Madani était connue des services de police pour des velléités de départ en Syrie. Selon la radio RTL, la jeune femme et ses deux complices présumées voulaient venger la mort du porte-parole et numéro deux de l'EI, Abou Mohammed al-Adnani, surnommé «le ministre des attentats». La mort de ce stratège de l'EI, âgé de 39 ans, a été annoncée fin août par le groupe jihadiste. Washington et Moscou se disputent la responsabilité de la frappe qui l'a visé dans le nord de la Syrie. Un message d'alerte sur un risque d'attentat dans les gares parisiennes et en banlieue avait été envoyé jeudi aux policiers, a souligné une source policière, qui estime que le réseau, activé de l'étranger, préparait un attentat dans la journée. Les enquêteurs cherchent à savoir de quelles complicités ont bénéficié les trois femmes et à déterminer si leur projet a été inspiré par un de leurs contacts qui pourrait se trouver en Syrie. Leur réseau était «activé de l'étranger», selon une source policière. Le propriétaire de la voiture, connu pour des faits anciens de prosélytisme islamiste, avait été relâché mardi soir à l'issue de sa garde à vue. Le patron des services secrets français, Patrick Calvar, avait mis en garde en mai contre le danger de «dépôt d'engins explosifs» dans des lieux rassemblant une foule importante. Un nouveau type de menace, alors que la France a été frappée par une vague d'attentats meurtriers, notamment le 13 novembre 2015 (130 morts à Paris et Saint-Denis) et le 14 juillet 2016 à Nice (86 morts).