Les gros revendeurs sont très sollicités en cette période de fête Les grossistes du marché des produits d'alimentation générale de Semmar à Alger ont eu beaucoup de travail jeudi dernier. Comme l'Aïd intervient quasiment juste après le week-end, les commerçants de nombreuses wilayas limitrophes d'Alger et parfois au-delà se sont précipités vers le marché de Semmar pour s'approvisionner et faire face à la demande des produits allimentaires pendant la fête. «Le va-et-vient des camions et des fourgons a débuté tôt le matin, et cela va se poursuivre toute la journée», a souligné un grossiste spécialisé dans les produits de confection de gâteaux comme la farine et le sucre.» «D'autres produits sont également très sollicités», a souligné un grossiste qui écoule des tonnes de semoule ainsi que des biscuits secs et des friandises trés prisées par les enfants lors des fêtes. La liste des achats de commerçants venus de Bouira, Tizi Ouzou, Tipasa et même de Béjaïa, Chlef et de Djelfa ne s'arrête pas là. Les fruits secs comme les amandes et les arachides ainsi que le sucre, l'huile et le café sont écoulés en quantités faramineuses et des camions entiers n'ont pas fini de décharger leurs marchandises même à midi au milieu d'une circulation intense. Certains aliments comme les fromages et les jus sont aussi très demandés comme constaté d'après le mouvement des fournisseurs et des charriots élévateurs entrant en action pour remplir les magasins. Néanmoins, certains grossistes et même les clients ont constaté que de nombreux produits proviennent de l'étranger. Les grossistes installés au marché des produits d'alimentation générale de Semmar ont ainsi souligné qu'ils veulent écouler plus de marchandise locale, mais ils ont rencontré plusieurs difficultés entravant la substitution à l'importation comme la baisse des prix sur le marché international et l'inexistence de certaines spéculations en Algérie à l'instar du riz. «On est prêts à écouler davantage de produits locaux pour approvisionner le consommateur final afin de répondre aux objectifs de la politique du gouvernement visant à réduire les importations à condition que les fabricants nous les fassent parvenir, ce qui n'est pas toujours à leur portée», a souligné un grossiste. Pour corroborer ses propos, il a cité certains produits dont le consommateur ne peut pas se passer et qui ne peuvent être fournis par les producteurs locaux comme le riz qui est importé, entre autres, du Pakistan et de Chine. Parmi les 800 grossistes installés à Semmar, certains proposent aussi des fruits secs comme les amandes et les arachides qui ne sont pas produites localement, renchérit un autre commerçant. Ce dernier précise que même pour les produits qu'on qualifie de locaux comme le sucre, la farine et l'huile ceux-ci ne le sont qu'en apparence car la matière première est importée alors que les entrepreneurs locaux se contentent de les façonner en petits emballages. D'autres commerçants ont souligné qu'hormis ces produits, des efforts peuvent être effectués lorsqu'il s'agit de certains aliments comme les fromages, les jus et les biscuits. Des quantités de ces produits parviennent de pays tels que la Tunisie et l'Espagne mais les producteurs locaux fournissent des quotas appréciables, soulignent-ils même s'ils constatent parfois des ruptures de stock. A Semmar, même des transporteurs privés ont signalé qu'il leur arrive de recevoir des commandes des commerçants qu'ils ne peuvent satisfaire qu'avec plusieurs semaines de retard à cause de l'indisponibilité en continu de certains produits comme les biscuits qui sont pourtant réclamés, y compris et surtout pendant le Ramadhan et les fêtes. Selon un rapport du ministère du Commerce rendu public en avril dernier, un repli des prix des principaux produits alimentaires importés a été constaté depuis plusieurs mois. En janvier 2016, la valeur des sept principaux produits constituant l'essentiel du groupe alimentaire représentant plus de 76% des biens alimentaires importés a connu une baisse de 39,7% par rapport à la même période de l'année 2015 pour s'établir à 315 millions de dollars. La facture d'importation des fruits secs s'est établie à plus de 8,4 millions de dollars: 6,4 millions de dollars d'arachides, 1,2 million de dollar de raisins secs, 382 083 dollars d'abricots secs, 237.500 dollars d'amandes et 139.913 dollars de pruneaux secs. Les importations de lentilles se sont chiffrées à plus de 10 millions de dollars (+58%). L'Algérie importe aussi d'autres produits comme les haricots secs, les pois chiches et les pois secs. Interrogé, l'analyste financier, Mohamed Ghernaout, a souligné que la dévaluation de la monnaie peut conduire à l'objectif de «réduction des importations». «Or, constate-t-il, ce qui s'est passé est le contraire car les importations n'ont pas cessé d'augmenter et ce, malgré les mesures administratives de restriction des importations prises en 2009 dans le cadre de la loi de finances complémentaire.». «Cela veut dire que les importations du pays concernent peut-être des produits insensibles au prix, introuvables sur le marché local et très demandés par la population au point de les acheter à n'importe quel prix», selon lui. «Pis encore, les dernières statistiques du recensement économique révèlent que notre économie n'a pas une industrie pour remplacer toutes les importations», selon l'économiste et enseignant à l'université de Blida, Kamal Rezig. Selon ce dernier, «il y a aussi des importations qui entravent la production nationale, y compris pour l'eau minérale et les diouls et ce n'est plus acceptable». «Au contraire, il faut encourager les producteurs locaux et non les importateurs et il faut plus de taxes douanières. D'un autre côté, il ne faut plus financer l'importation des produits non essentiels par les banques et la devise qui doit être ramenée par l'importateur y compris par des crédits fournisseurs», dit-il.