«Le journalisme en Algérie est à la croisée des chemins. Ce n'est pas parce qu'il a acquis une avancée appréciable au Maghreb et dans le monde arabe dans le domaine de la pratique professionnelle qu'il est à l'abri de nouvelles secousses ou blocages pour verrouiller et museler la liberté d'expression». C'est là la mise en garde adressée par le professeur B.Brahimi lors de son intervention aux travaux des journées d'étude sur le journalisme scientifique sous le thème «Le statut des journalistes», ouvertes samedi à Blida à l'Université Saâd Dahleb. Le chercheur qui est un spécialiste de l'information et des médias en Algérie, a axé son analyse sur le projet de loi sur l'information en cours de finalisation en le comparant aux différents textes adoptés depuis l'indépendance, dont le décret de 1968, la circulaire de 1973 et les codes de 1982 et 1990. Il a fait remarquer que le projet de Khalida Toumi, en dépit des révisions successives introduites suite aux observations et reproches des milieux professionnels et autres, renferme encore des zones d'ombre qui inquiètent. Il a cité les articles inhérents à la délivrance de la carte professionnelle dont la commission est dominée par les représentants de l'Etat aux dépens des journalistes et des éditeurs et à l'aide de l'Etat qui continue à être orientée et mobilisée exclusivement vers les journaux à tendance gouvernementale tournant ainsi le dos aux journaux indépendants ou d'opposition et enfin à l'éthique. De même, il a fait remarquer l'absence de code et règles régissant le marché de la publicité, ce qui a permis le retour aux pratiques anciennes du monopole et du désordre, ainsi que le retard pris dans l'ouverture du champ audiovisuel, un retard qui risque d'être payé cher. Il ressort, dans les débats qui ont suivi, que c'est la pratique de l'information qui est ainsi pénalisée par le vide juridique. Pour l'information spécialisée, notamment à caractère scientifique, déjà faible ou inexistante chez nous, elle risque d'attendre encore pour se former et se développer. Avec l'ouverture de l'économie du pays, les intervenants ont souligné la nécessité de la prendre en charge et de la généraliser. M.Djebbar, de l'université de Lille, ancien ministre de l'Enseignement supérieur qui mène des recherches sur l'information et l'histoire des sciences arabes, notamment des mathématiques, devait, quant à lui, mettre en exergue la rencontre de Blida, la première du genre dans le monde arabe pour débattre d'un thème important dans la valorisation des disciplines scientifiques et la vulgarisation du savoir et des connaissances. Déjà, les Tunisiens et les Marocains ont exprimé le désir d'organiser à leur tour, chez eux, des rendez-vous similaires, a-t-il annoncé. Ouvertes samedi par la rectrice de l'université, Mme Mimoune, ces journées se poursuivront jusqu'à mardi avec la tenue d'une quinzaine de conférences animées par des enseignants de renom. Elles sont organisées conjointement par les universités de Blida, d'Alger et de Lille.