La trêve présentée comme la «dernière chance» pour sortir la Syrie du chaos semble tenir, mais l'absence d'aide humanitaire a suscité la déception dans les zones assiégées. La trêve est entrée en vigueur lundi à 19h00 heure locale (16h00 GMT) en vertu d'un accord annoncé par la Russie et les Etats-Unis, parrains respectifs du régime et de la rébellion. L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie s'est félicité d'une «baisse significative de la violence». «La situation s'est radicalement améliorée», a déclaré à Genève Staffan de Mistura devant des journalistes, mentionnant toutefois des violences isolées. L'OSDH (basé en Grande-Bretagne) a déclaré ne pas avoir recensé de morts dans les combats malgré des violations limitées de la trêve dans les deux camps. L'armée russe a affirmé pour sa part que les forces gouvernementales respectaient le cessez-le-feu mais a accusé les rebelles d'avoir tiré «à 23 reprises». La télévision syrienne a fait état de violations mineures. Le porte-parole du Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires Jens Laerke a déclaré qu'aucun convoi de l'ONU n'était entré en Syrie depuis le début du cessez-le-feu, alors que l'accord prévoit l'acheminement d'une aide humanitaire aux civils assiégés. M. de Mistura a dit réclamer à ce sujet «des assurances que les conducteurs et les convois ne soient pas touchés». Pour permettre l'acheminement de l'aide aux quartiers rebelles assiégés dans la ville divisée d'Alep, des militaires russes ont installé un point d'observation mobile sur la route du Castello, qui mène vers la frontière turque d'où doit provenir cette livraison, selon des agences russes. L'accord américano-russe prévoit la «démilitarisation» de la route du Castello, où se trouvaient encore mardi après-midi des soldats syriens selon une source militaire syrienne. Les autorités syriennes ont, elles, averti mardi qu'elles refuseraient l'entrée de toute aide de la Turquie pour les quartiers rebelles d'Alep «sans une coordination avec le gouvernement syrien et l'ONU». Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a négocié l'accord avec son homologue russe Sergueï Lavrov, a estimé que la trêve pourrait «être la dernière chance de sauver» la Syrie. Dans de nombreuses villes et localités, notamment celles tenues par les rebelles et qui étaient la cible de bombardements incessants de l'aviation du régime, le soulagement est grand. Dans l'ouest d'Alep, une zone contrôlée par le régime souvent visée par les roquettes des rebelles, Habib Badr se réjouissait du calme. «Ma maison se trouve près de l'hôpital Ramzi et j'ai l'habitude d'entendre la sirène des ambulances toutes les deux ou trois heures. Mais aujourd'hui rien», a-t-il dit. Damas a annoncé le gel de ses opérations militaires «sur le territoire jusqu'au 18 septembre à 21h00 GMT». Cela n'empêche que le scepticisme prévaut quant au succès de ce nouveau cessez-le-feu, après l'échec de plusieurs tentatives. Comme lors de la précédente trêve fin février qui avait duré quelques semaines, les groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaîda), qui contrôlent de vastes régions du pays, sont exclus du cessez-le-feu. Le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) a annoncé dans un communiqué que trois frappes aériennes effectuées en Syrie contre le groupe Etat islamique au cours des six derniers jours avaient pu faire des victimes civiles.