Dans Tizi Ouzou écrasée par la chaleur, l'inquiétude des citoyens en attente de la marche d'aujourd'hui est palpable. Plus que la grève générale prévue pour aujourd'hui par la CIW, la marche est dans tous les esprits. Il fait chaud dans la ville du col des Genêts, mais l'atmosphère est rendue encore plus pesante par l'attente de la marche programmée par le mouvement citoyen à Alger, aujourd'hui. Dans les esprits, les « événements » du 14 juin sont encore trop présents pour que l'action d'aujourd'hui ne suscite pas cette angoisse, dont font montre beaucoup de citoyens. Tôt dans la matinée d'hier, des convois de véhicules en provenance surtout de la Soummam ont transité, dans un concert de klaxons et d'oriflammes noirs déployés par Tizi Ouzou encore endormi. Plusieurs centaines de jeunes de Tizi Ouzou et des villages de l'intérieur de la wilaya ont préféré, quant à eux, se «prémunir» contre toute éventualité de refoulement, et ont commencé à gagner la capitale depuis au moins dimanche dernier. De fait, les forces de sécurité ont dressé une véritable ceinture autour de la capitale... Près de onze barrages ont été recensés entre Naciria - ville tampon entre les wilayas de Tizi Ouzou et de Boumerdès - et Alger. La chaussée, entravée de herses ne laisse le passage qu'à un véhicule après l'autre. Cela donne le temps aux forces de l'ordre de «mieux contrôler» les passagers. Selon certaines sources, il y aurait eu déjà, quelques jeunes refoulés depuis ces points de contrôle. Au niveau de la CADC de la wilaya de Tizi Ouzou, on ne rencontre que quelques personnes assurant une sorte de permanence. Les animateurs, du moins les plus en vue, ont préféré rejoindre Alger. Alger où l'on dit que d'ores et déjà, un travail d'organisation est sur le point d'être achevé. Un travail qui a succédé à une période de sensibilisation de la population algéroise, par notamment, les membres de la coordination interwilayas représentant cette région du pays. De toute façon, nous confie un élément de la CADC «tout est fait pour que le scénario du 14 juin ne se renouvelle pas. Si la marche est bloquée, consigne est donnée aux marcheurs de respecter sur place un sit-in ». Toujours au niveau de la CADC on indique que «pour aujourd'hui, tous les véhicules sont réquisitionnés pour assurer le transport des marcheurs». Il semblerait que quelques communes ont refusé de céder leurs véhicules ce qui a mis en rogne les citoyens. La journée d'hier a aussi été propice aux rumeurs. Dans la matinée d'hier une rumeur a circulé à Draâ Ben-Khedda, faisant état d'une bombe à Tadmaït, qui aurait fait plusieurs morts. Un certain affolement a été constaté dans cette ville. Sur place, aucune trace de bombe n'a, fort heureusement, été signalé Mais, les citoyens ont eu des sueurs froides. Certes, comparativement à la marche du 14 juin, celle d'aujourd'hui ne semble pas drainer d'immenses foules, même si, il est vrai, elle sera assez importante. Le gros des marcheurs étant déjà sur place, dit-on à Tizi Ouzou. Il est certain qu'au niveau des barrages, un risque existe. La gendarmerie, souvent aidée par les CNS et des éléments de l'ANP, aura fort à faire pour que cela ne dégénère pas. En tout cas, Tizi Ouzou, en grève aujourd'hui, est inquiète et prie pour que cette sortie des ârchs se fasse sans incidents.