«La balle est dans le camp du ministère de l'Intérieur, nous attendons sa décision.» Le parti de Bouguerra Soltani n'appellera pas ses élus à se retirer des communes de Kabylie avant que la décision de la révocation des «indus» élus ne soit officiellement annoncée par les autorités. «Nos militants sont prêts à suivre les recommandations du parti, mais nous attendons une décision officielle», a déclaré Bouguerra Soltani, avant l'ouverture des travaux de la formation universitaire, organisée, depuis hier, par son parti à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction à Zéralda. Par cette position, le MSP vient de se démarquer officiellement des deux autres partis qui constituent l'Alliance présidentielle. En filigrane, cette indécision laisse apparaître une inquiétude et un scepticisme qui traduit le réel malaise qui a germé au sein de l'Alliance. «Nous attendons voir si cette décision est bénéfique pour les populations de la région», a ajouté Bouguerra Soltani qui semble dégager toute responsabilité dans une action à laquelle son parti n'a pas pris part. Aussi, le président du MSP regrette-t-il sa non-association à la décision «unilatérale» prise par le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia . «Nous avons espéré une décision concertée entre les membres de l'Alliance mais elle n'a pas eu lieu», a regretté M.Soltani en ajoutant: « Nous n'avons pas été associés à cette décision , nous avons nos réserves et la balle est dans le camp du ministère de l'Intérieur». Rappelant que «les élus qui se sont présentés en Kabylie en 2002, ont défié la peur, ils ont risqué même leur vie, maintenant la situation s'est calmée, nous ne sommes pas près de prendre d'autres risques». Le mot est lourd de sens: le risque. Quel risque redoute le MSP dans une décision prise au nom du gouvernement? Cela traduit-il le retard pris par les pouvoirs publics pour rendre officiel l'accord conclu entre le gouvernement et les archs? La décision n'est pas de tout repos pour les autorités face à des dossiers d'actualité encore plus brûlants que la crise de Kabylie. Le remaniement du gouvernement, le référendum sur l'amnistie et surtout les retards dans les réformes économiques. La position du MSP donnera du grain à moudre au FFS qui a matérialisé son refus de la décision prise par le gouvernement. Le parti d'Aït Ahmed a affirmé auparavant qu'il serait favorable à des élections partielles au niveau national, «car il y a des communes dans le pays où il y a eu moins de voix que dans ma région». Le RND a été le premier parti de l'Alliance à annoncer le retrait de ses élus juste après l'accord conclu entre le mouvement des archs et le chef du gouvernement. Après plusieurs jours de «concertation», de tractations et de tergiversations, le FLN a emboîté le pas au parti d'Ouyahia, au risque d'une fronde interne. Fidèle à sa stratégie de suspense, le MSP tempère et retarde sa décision.