L'autre guerre. Les médias en ont peu parlé. La 71ème Assemblée générale de l'ONU qui vient de se tenir à New York n'a pas concerné que les conflits armés ou les guerres. Une autre menace, tout aussi grave, a réuni les chefs d'Etat présents. Ils ont même adopté une déclaration pour alerter et lutter contre l'utilisation abusive des antibiotiques qui entraînent une résistance des bactéries. Ils se sont engagés à mettre en oeuvre des plans nationaux en collaboration avec l'OMS, la FAO et l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale). Ban Ki-moon, le SG de l'ONU, a signalé à ce sujet plusieurs maladies infectieuses dont une forme de typhoïde qui se répand en Afrique ainsi qu'une souche de tuberculose qui ne peuvent plus être soignées par les mêmes antibiotiques que par le passé. D'autres maladies comme la pneumonie, la dysenterie ou les infections urinaires commencent à ne plus «répondre» aux antibiotiques. En médecine cela s'appelle une antibiorésistance. Ce qui conduit, dans certains cas, à des «impasses thérapeutiques». En d'autres termes, plus on administre à des patients des antibiotiques, plus leurs maladies développent des résistances. Les infections nosocomiales en milieu hospitalier et dont tout le monde connaît leur résistance aux antibiotiques n'ont plus le «monopole» de l'antibiorésistance. Et si rien n'est fait contre cette forme «d'accoutumance» des bactéries, les experts prévoient un taux de mortalité de ces infections plus important que celui des cancers. Parmi les mesures à prendre, l'OMS a une formule à l'adresse des médecins: «Le bon médicament, au bon dosage et au bon moment.» Ce qui peut paraître élémentaire mais ne l'est plus lorsque l'on sait que des médecins ont «la main légère»» pour prescrire des antibiotiques. Comme un certain automatisme (ou confusion) même pour un rhume ou une grippe virale sachant que les antibiotiques ne sont pas efficaces contre les virus. Ce qui, avouons-le, n'est pas une pratique isolée dans notre pays. La réponse à ce problème consiste non seulement à sensibiliser les médecins et les pharmaciens, mais à plus large échelle à agir contre l'automédication. Un plan d'action plurisectoriel puisque dans son communiqué l'OMS précise que «les niveaux élevés de résistance aux antimicrobiens constatés aujourd'hui dans le monde sont le résultat de l'abus et de la mauvaise utilisation des antibiotiques et des autres antimicrobiens chez les humains, les animaux (y compris les poissons d'élevage) et sur les cultures...». Le ministère de l'Agriculture, la Cnas, l'Ordre des médecins, l'association des consommateurs, etc...ont également leur part dans la solution. Pour l'OMS, cette «résistance aux antibiotiques est considérée comme le plus grand et le plus urgent risque mondial nécessitant une attention à la fois nationale et internationale». Les raisons de la faible intensité accordée à ce sujet par les médias internationaux existent. Il ne faut pas chercher très loin!