«Nous sommes en train de construire une justice forte» «Les portes des parquets sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption.» Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a déclaré, jeudi dernier à l'APN que «les portes des parquets sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption, qu'ils soient responsables ou simples citoyens, pour aider la justice et la société à la combattre». «Les affaires de l' Etat ne peuvent être gérées par de simple déclarations», a-t-il souligné. Ceux qui ont des dossiers doivent les soumettre à la justice en se constituant partie civile pour entamer l'action publique, tout en avisant le ministère de la Justice», a-t-il suggéré. Le ministre, qui insinue que la justice ne s'autosaisit pas, a saisi l'occasion de la séance des réponses aux questions orales des députés pour faire cette déclaration. M.Louh a précisé que «le Code de procédure pénale est clair sur le rôle des parquets dans la lutte contre la corruption», en ajoutant: «Nous sommes en train de construire une justice forte conformément aux orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.» La déclaration de Tayeb Louh suscite moult interrogations, d'autant plus qu'elle intervient juste après le pavé dans la mare jeté par le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, qui a dénoncé la main basse de la mafia sur le commerce extérieur, qui a fait que la corruption et la délinquance soient aujourd'hui «généralisées». Ce ministre a évoqué un scandale de corruption au niveau du port d'Alger impliquant de hauts cadres de son département. Les propos de Tayeb Louh interviennent également après le scandale de Dounia Parc révélé par les accusations portées par le ministre du Tourisme, Abdelouahab Nouri sur son prédécesseur, Amar Ghoul à propos de l'attribution illégale de terrains. Tayeb Louh, également membre du comité central du FLN, avait suggéré à son homologue du Tourisme de déposer plainte pour une enquête judiciaire, en le renvoyant à l'article 32 du Code de procédure pénale, qui stipule que «toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit, est tenu d'en donner avis sans délai au ministère public et de lui transmettre tous les renseignements, procès-verbaux et actes y afférents». «Le Premier ministre Abdelamalek Sellal a donné une réponse claire, franche et globale concernant le dossier Dounia Parc, mettant fin définitivement à cette polémique», a expliqué Amar Ghoul, actuellement sénateur du tiers présidentiel. Abdelmalek Sellal avait indiqué que «le caractère particulier du parc ne permet pas l'ouverture de commerces (fast-foods). Mais il s'agit d'une erreur qui a été réparée». Certains observateurs se demandent pourquoi la justice ne s'autosaisit pas de tous ces dossiers. D'autres décèlent à travers ces accusations mutuelles des liens avec le remaniement gouvernemental, les législatives prochaines et la succession au pouvoir en 2019. Auparavant, le ministre avait confié que c'étaient des lobbies qui avaient poussé à l'interdiction d'importation des voitures de moins de trois ans. Par ailleurs, à une question du député Bouchache sur les avocats exclus du barreau d'Oran et qui ont observé une grève de la faim l'année dernière, le ministre a indiqué que «la loi promulguée en 2013 réglementant la profession d'avocat souligne 'l'indépendance'' de la gestion des missions des différentes organisations des barreaux à travers le pays et l'Union nationale des barreaux algériens (Unba) les supervise», Louh estimant que cette dernière est «un partenaire important dans le processus des réformes de la justice».