Plus tôt, jeudi, la Turquie avait envoyé un nouveau convoi de blindés en territoire syrien, au lendemain d'une offensive éclair des rebelles syriens qu'elle a soutenus et qui a permis de reprendre au groupe terroriste Daech la localité de Jarablos, près de la frontière. Les forces turques ont ouvert le feu sur les hommes du Parti de l'union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, après que les services de renseignements ont remarqué qu'ils progressaient sur le terrain en dépit d'une promesse des Etats-Unis selon laquelle ils allaient reculer, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Cette dernière a ajouté, citant des sources sécuritaires, que l'intervention turque contre les combattants du PYD se poursuivrait tant qu'ils n'auraient pas entamé leur retrait. Selon Anadolu, le PYD a repris sept villages depuis mercredi dernier, à la faveur du retrait de Daech. Le quotidien turc Hürriyet a indiqué que des drones turcs avaient détecté les éléments du PYD à 10 km au nord de la ville de Manbij. Les obusiers turcs sont ensuite entrés en action depuis la Turquie, « éliminant » le groupe de combattants. « Nous allons faire en sorte que le PYD ne remplace pas Daech dans cette zone », a dit jeudi le ministre turc de la Défense, Fikri Isik. Pour Ankara, le PYD et son aile militaire, les YPG, sont des organisations « terroristes », au même titre que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement armé actif depuis 1984 sur le sol turc. Rencontre Kerry-Lavrov à Genève Jeudi dernier, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a indiqué au téléphone à son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu, que les forces YPG/PYD, qui bénéficient du soutien militaire américain, sont en train de se replier vers l'est de l'Euphrate, selon un communiqué des services du ministre turc. Kerry s'est entretenu, hier à Genève, avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour tenter de trouver un accord de sortie de crise sur cette guerre qui a fait plus de 290.000 morts. Avant cette rencon-tre, le vice-président américain, Joe Biden, qui s'est entretenu avec les dirigeants turcs mercredi dernier à Ankara, a mis en garde les Kurdes de ne pas franchir l'Euphrate, comme le réclame la Turquie. Jeudi, à Stockholm, Biden a estimé que « les Turcs (étaient) prêts à rester aussi longtemps qu'il le faudra (en Syrie) dans l'objectif de neutraliser Daech, saluant le changement graduel de mentalité » d'Ankara à l'égard du mouvement terroriste. Il avait indiqué à Ankara que Washing-ton avait clairement demandé au YPG de ne pas aller à l'ouest de l'Euphrate. L'envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a estimé, quant à lui, que la rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et russe serait « importante » et pour-rait influencer sa stratégie sur la reprise des discussions de paix intersyriennes. Au plan humanitaire, il a laissé entendre que la trêve heb-domadaire de 48 heures réclamée par l'ONU pour laisser les convois d'aide entrer dans la ville d'Alep pourrait être instaurée rapidement. Par ail-leurs, le régime syrien imposait, hier, une évacuation totale des rebelles et des civils de Daraya, au terme d'un accord intervenu, jeudi. Damas a obtenu l'évacuation totale des habitants et insurgés de cette ville rebelle assiégée depuis 2012.