La folie primitive avait traversé la ville de part en part, ne laissant que ruine et sang sur son passage. Fethi faisait partie du gang de Saint Pierre qui avait organisé, le 4 juin 2003, une véritable expédition punitive au centre-ville d'Oran. Le raid perpétré contre un restaurant, une discothèque et un dépôt de vente de boissons alcoolisées avait jeté la stupeur parmi la population qui avait assisté, ce jour-là, impuissante à des scènes d'une extrême violence, alors que le soleil n'était pas encore couché. C'était en fin d'après-midi que la folie primitive avait traversé la ville de part en part, ne laissant que ruine et sang sur son passage. Les policiers, dépêchés sur les lieux, durent user de tous les moyens pour rétablir le calme dans le centre-ville, livré à la loi de ce gang connu pour verser dans tous les trafics et recourir à tous les coups tordus. Le quartier de Saint Pierre fut le théâtre, cette nuit, d'une véritable bataille rangée entre forces de l'ordre et des bandes encadrées par des voyous, repris de justice, et notoirement connus pour couvrir sous leurs ailes tous les délinquants en herbe. Il était 18h, quand un bar, situé au centre-ville, est attaqué par des individus encagoulés et armés de battes de base-ball, de hachettes, de couteaux, de fusils harpons et même de cocktails Molotov. Leur forfait accompli, ils se dirigent par la suite vers un hôtel-restaurant du boulevard du Front de mer. Ils tentent de l'investir, mais la porte blindée résistera à leurs assauts. Après avoir agressé des clients et «un videur» d'un bar dans lequel étaient coincés des clients apeurés, ils remontent vers le centre-ville pour aller s'attaquer à un dépôt de vente de boissons alcoolisées à la place des Victoires qu'ils saccagent avant d'y mettre le feu. Les habitants du centre-ville assistèrent, la peur au ventre, à ces scènes de violence. L'arrivée des forces de l'ordre ne dissuadera pas ces voyous qui, bourrés de psychotropes, tentèrent d'attaquer les premières voitures de police présentes sur les lieux. Ce fut, par la suite, une nuit d'horreur vécue par les habitants du quartier. Les scènes de violence ne cessèrent que très tôt le matin, quand les premières arrestations furent opérées et quand certains meneurs tombèrent dans les rets des policiers. Fethi, qui avait conduit certains groupes, avait échappé aux policiers venus le cueillir. Lors de la première comparution des membres du gang, au total une vingtaine, la plupart écopèrent de lourdes peines, mais Fethi demeurait en fuite. Il y a quelques mois, il fut arrêté alors qu'il tentait de racketter le propriétaire d'un café du centre-ville. Devant ses juges, il niera les faits retenus contre lui, préférant mettre tous les événements sur le compte de ses acolytes emprisonnés. Mais le tribunal, qui avait auditionné des parties civiles et des témoins, ne s'est pas laissé émouvoir par les dénégations de l'accusé, et le condamna à vingt ans de prison ferme pour incendie volontaire, violence sur la voie publique et rébellion.