Les partis face au défi de l'urne Idéologiquement hétérogène, politiquement pas sur la même longueur d'onde, l'Icso s'interroge: boycott collectif ou participation en rangs dispersés? La rentrée sociale a déjà eu lieu. Dans la sérénité, contrairement aux prévisions des uns et des autres. Mais la rentrée politique tarde à se faire, les principaux partis étant encore en «vacances». Mais le mois d'octobre semble promis à des tiraillements intenses entre l'opposition et le pouvoir. En effet, l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition compte tenir une rencontre le 3 octobre au siège de Talaiou-El Houriet pour marquer officiellement sa rentrée. L'objet de cette rencontre tourne principalement autour de la nouvelle loi électorale et les élections législatives du 20 avril 2017 dont le boycott collectif n'est pas tout à fait exclu. Le caractère hautement sensible de la question du boycott collectif va sans nul doute mettre le feu aux poudres et faire réagir les partis au pouvoir. Selon une source proche de l'Icso, cette coalition de partis a mis en place une commission pour présenter une étude de la nouvelle loi électorale dans l'objectif de présenter une requête au Conseil constitutionnel sur l'anticonstitutionnalité de cette loi. «La nouvelle loi électorale est en recul par rapport à celle qui existait. Elle vise non pas à assainir la scène politique comme on le prétend, mais à mettre fin au pluralisme politique. C'est une loi qui arrange uniquement les partis proches du pouvoir qui bénéficient du soutien actif de l'administration», nous a confié la même source. «Cette loi est faite pour tuer les partis qui font du boycott un instrument politique. Le pouvoir veut évacuer définitivement cette option des pratiques politiques en Algérie parce qu'elle lui fait très mal; elle le délégitime, même sobrement, auprès de la communauté internationale,» nous a indiqué une autre source de l'Icso. Pis encore, quelques partis, dont Jil Jadid, ont carrément annoncé leur non-participation officielle aux législatives de 2017. et le cercle des boycotteurs risque de s'élargir à mesure que l'échéance électorale approche. «Les nouvelles conditions exigées concernant le parrainage, introduites dans la nouvelle loi électorale adoptée au dernier Conseil des ministres, visent à consacrer la domination des institutions élues par des partis au pouvoir, notamment le FLN, et à un moindre degré, le RND», estime-t-on dans les rangs de l'opposition. Ces conditions ne sont pas de nature à encourager les partis de l'opposition à participer, d'autant plus que la plupart d'entre eux sont ancrés dans les seules wilayas du Centre. Néanmoins, tout le monde s'accorde à dire qu' «il ne sert plus à rien d'avoir raison tout seul». C'est le cas notamment du RCD qui, tout en se refusant à une quelconque déclaration officielle pour le moment, se dirige vers la participation. «Ne pas participer aux prochaines élections est un suicide pour le parti. On n'a pas le droit de tourner le dos aux élections après avoir tant lutté pour l'instauration du pluralisme politique en Algérie», nous a indiqué un cadre du RCD. Du côté du MSP, c'est le même point de vue qui est mis en valeur. Après avoir claqué la porte de l'Alliance présidentielle et du gouvernement pour les raisons que l'on sait, ce parti islamiste veut regagner sa place dans le système en faisant valoir l'idée selon laquelle il serait «impossible de lutter contre le système de l'extérieur». «L'Assemblé populaire nationale et les assemblées élues sont des espaces d'exercice effectif de la politique. On ne peut pas les bouder», estime un cadre du parti de Abderrezak Makri. Vue ainsi, l'Icso n'est pas sur la même longueur d'onde et la bataille des «oui» et des «non» risque d'être explosive et mener cette coalition à la ruine, surtout si un accord sur le boycott collectif n'était pas arraché. Mais pas seulement. Car même si l'opposition, tous partis confondus, décidait de prendre part aux législatives de 2017, il ne sera question que d'une simple décision formelle puisqu'il est politiquement impossible que les partis et les personnalités membres de l'Icso présentent des listes communes en raison des divergences idéologiques profondes qui les séparent. Le scénario inéluctable qui se dessinera le 3 octobre ne peut être, pour ainsi dire, que le suivant: boycott collectif ou participation en rangs dispersés.