Après avoir tout fait pour ne pas prendre part aux mêmes élections législatives depuis l'arrêt du processus électoral,le RCD et le FFS vont à nouveau se retrouver sur le même terrain. Les législatives de 2017 s'annoncent houleuses. Le fossé entre le pouvoir et l'opposition se creuse de plus en plus, les tiraillements entre les partis des deux camps ne manqueront sans doute pas d'être alléchants d'autant plus que ce rendez-vous électoral sera marqué, selon toute vraisemblance, par deux éléments nouveaux: la participation conjointe du FFS et du RCD et le partage de la sphère de l'opposition entre plusieurs partis. Bien que le RCD et le FFS n'aient rien communiqué officiellement au sujet de leur participation aux échéances électorales qui arrivent, notamment les législatives, leurs états-majors, au cours d'apartés plus ou moins discrets, laissent entendre que la tendance lourde va vers la participation. «Ma conviction profonde est que les élections ne servent presque à rien dans ce pays, l'idéal pour nous étant de changer le système radicalement. Néanmoins, boycotter sera un suicide pour nous. Nous ne pouvons pas laisser mourir le FFS. Il faut bien trouver les moyens d'exister en attendant que l'espace politique fasse sa mue», nous a confié un député FFS et néanmoins membre influent de l'encadrement de ce parti. Du côté du RCD aussi la tendance vire vers la participation car, estime-t-on, «il ne sert à rien d'avoir raison tout seul». Mais pas seulement. En effet, au sein de l'Etat, on se dirige vers la mise en place d'un système dominé par deux ou trois grands partis politiques, ce qui implique nécessairement la mise à mort des autres partis. Cette tendance est clairement exprimée dans la nouvelle loi sur les partis qui consacre la mise hors circuit des «petits partis politiques» et des partis «qui ont tendance à boycotter les élections». Conscient de cet enjeu de «survie», le RCD et le FFS, qui ont toujours été à l'avant-garde et qui sont à l'origine de tous les grands sauts démocratiques faits par l'Algérie, ne veulent pas sacrifier les idéaux pour lesquels ils ont lutté des années durant, sur l'autel d'un inutile idéalisme, voire donquichottisme. En effet, ces deux partis entendent bien prendre part au processus de reconfiguration de la scène politique, dont le point de départ est l'élection législative de 2017. De plus, la neutralisation du MAK, qui commence à prendre du terrain en Kabylie, peut aussi être un motif de participation pour le FFS et le RCD - Mais la nouveauté, et c'est ce qui va donner un caractère particulier aux législatives de 2017, c'est la participation conjointe du RCD et du FFS. Depuis 1991, après l'arrêt du processus électoral auquel ils ont pris part tous les deux, jamais ces deux partis n'ont participé aux mêmes élections législatives. A chaque fois que l'un participe, l'autre boycotte. Cette fois-ci, le ring électoral offrira un spectacle de haute voltige. L'autre particularité des élections législatives de 2017, c'est l'entrée en scène d'un nouveau parti d'opposition dont les performances et l'ancrage dans la société se sont déjà révélés lors de l'élection présidentielle de 2014: Talaïou El Houriet de Ali Benflis. Ce parti, qui a réalisé un score de plus d'un million de voix, peut très bien créer la surprise en laminant les autres partis d'opposition. Avec un discours franchement libéral et fédérateur, Talaïou El Houriet peut gagner la sympathie de l'électorat de l'opposition, notamment les déçus du FFS et du RCD, et rafler la mise. Il est vrai que la Kabylie lui reste difficilement accessible, mais le FFS et le RCD qui totalisaient tout l'électorat de l'opposition laïque et démocratique jusque-là vont avoir énormément de difficultés à se tailler une place de choix face à Talaïou El Houriet en dehors des wilayas du Centre. Dans cette perspective, la bataille s'annonce rude. Entre les partis au pouvoir et ceux de l'opposition, mais aussi entre les partis du même camp. Ceci sans parler des petits partis de la même obédience comme Jil Jadid, Fedjr el Jadid, l'Ufds ou encore l'UDS de Karim Tabbou et Nidaa Al Watan d'Ali Benouari qui n'ont pas encore été agréés. Bien entendu, ce scénario peut éventuellement être modifié si les partis de l'opposition fusionnaient entre eux ou faisaient des alliances électorales pour affronter le FLN et le RND. Il peut également ne pas se produire si les partis de l'opposition décidaient, partiellement ou dans la totalité, à la dernière minute d'opter pour le boycott. Mais, pour l'heure, toutes les tendances sont à la participation.