La rentrée sociale du FCE coïncidant avec une volonté ferme du gouvernement d'engager un processus de réformes profondes, bien des annonces sont attendues lors de son université d'été. Au moment où une crise aiguë tente d'entraîner l'Algérie dans son engrenage, acculant au mur le gouvernement, une seule voie s'impose: la relance de l'économie. Et cette relance ne peut se faire que par la mobilisation du patronat et du recentrage du débat national sur l'entreprise et le monde entrepreneuriale. L'équipe gouvernementale, sous la baguette de Sellal, fait tant bien que mal pour bien jouer la symphonie de la réforme promise depuis 2011, notamment en associant le patronat à l'ensemble de ses décisions, à commencer par le nouveau modèle économique soumis au débat lors de la dernière tripartite. Entre-temps, des efforts sont déployés pour rééquilibrer les budgets, booster les exportations, réduire l'importation, améliorer l'offre exportable et réduire le cercle de l'informel à travers moult mesures conjoncturelles. Mais, sur le terrain, les résultats sont très en deçà des objectifs proclamées, l'économie algérienne étant toujours dépendante à plus de 93% des hydrocarbures et le marché pétrolier, qui constitue la principale source de revenus du pays, échappant de plus en plus aux prévisions de l'Algérie et à ses desiderata. Dans ce contexte de crise couplé à des rééquilibrages et restructurations aussi bien politiques qu'économiques, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) qui constitue le centre de gravité du débat économique dans le pays, va faire sa rentrée sociale aujourd'hui dans le cadre de son université d'été. Comme il fallait s'y attendre, bien des questions d'actualité et qui sont toutes liées à l'impérieuse nécessité de restructurer en profondeur l'économie nationale sont au menu. En plus des grandes lignes s'inscrivant dans le sens d'une libération totale de l'acte d'investir, conformément à la Constitution, le FCE compte lancer un débat sur bien des aspects de notre économie. Pour le premier jour, il est prévu une rencontre économique sur «le socle législatif» à mettre en place afin de permettre la concrétisation de l'ambition d'émergence économique de l'Algérie. Il est également prévu deux autres rencontres dont la première porte sur «le passage du financement par le budget au financement par le marché» et les stratégies d'accélération de ce passage et la deuxième sur le passage de «l'autosuffisance alimentaire à l'exportation» et «sur les modes d'y parvenir». Ces trois thématiques qui visent, d'une part, à mettre en place un cadre juridique en phase avec les nouvelles orientations plutôt libérales de l'économie et, d'autre part, à trouver des solutions de financement de l'économie en dehors du budget qui est en crise, et régler le problème de l'autosuffisance alimentaire et pousser cette filière vers l'exportation. Ces trois points, abstraction faite de la manière dont ils seront traduits sur le terrain, constituent raisonnablement le point nodal de la restructuration de l'économie du pays. Pour le deuxième jour, le débat va tourner autour de «l'entrepreneuriat féminin comme clé pour le développement économique durable», et «le rôle de l'Etat et des parties prenantes dans le processus de transformation économique». En guise de conclusion, il est attendu que le FCE mette au-devant de la scène le projet pour lequel il plaide depuis des années: la réforme structurelle de l'économie non plus progressivement, à travers des mesures conjoncturelles, mais profondément, à travers une réorientation stratégique de tous les leviers de développement disponibles. Cette conclusion, qui sera présentée sous forme de synthèse, a comme intitulé «Engager la transformation: méthodologie, raison d'y croire et bonnes pratiques pour faire émerger une Algérie nouvelle». Pour rappel, le FCE plaide depuis presque deux ans en faveur d'une réforme structurelle de l'économie tout en proposant des solutions sectorielles. En effet, dans l'introduction de son «Plan émergence», le FCE est catégorique: «Il est vital que notre pays sorte rapidement de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Cependant, il ne s'agit pas d'en sortir par un repli sur soi, mais en engageant des réformes courageuses et déterminées qui assureront le développement à long terme de notre économie. Ce défi majeur nous impose donc de nous atteler de façon déterminée à poursuivre les réformes de notre économie», mais pas seulement. Car, dans cette bataille contre la dictature de la rente pétrolière, le FCE se consisdère comme étant partie prenante et compte bien jouer le rôle qui est le sien en relevant les défis qui s'imposent et en prenant les risques qu'il faut. «Le FCE se considère pleinement concerné par ce défi et agit pour contribuer à la conception et à la mise en oeuvre des solutions structurelles qui mettraient rapidement notre économie en situation de consolider sa croissance, de renforcer sa compétitivité, d'investir massivement, d'impulser un mouvement intensif de création d'entreprises et d'emplois et, partant, en situation de développer à grande échelle la production dans l'industrie, l'agriculture et les services, ce qui permettra d'accroître ses exportations hors hydrocarbures», estime-t-on au FCE en effet. C'est dire que le FCE, ne rate aucune occasion pour plaider sa cause réformiste et, son université d'été de cette année coïncidant avec une volonté ferme du gouvernement d'engager un processus de réformes profondes, bien des surprises en sont attendues, notamment l'annonce d'un plan de réforme concret.