La chute actuelle des cours du pétrole ne s'apparente pas à un choc pétrolier, tel que ceux vécus par l'Algérie depuis 1986, mais plutôt à une «transition énergétique mondiale», dont les effets néfastes sur notre pays risquent d'être durables. C'est un constat sans concession qui a été fait, hier, par le professeur Rafik Bouklia-Hassane, qui signe pour le Forum des chefs d'entreprises (FCE) l'étude relative à «La stratégie de diversification de l'économie». Un document à travers lequel le FCE recommande aux pouvoirs publics de prendre «des mesures volontaristes» en vue de «permettre l'émergence de revenus issus des autres secteurs économiques devant permettre à terme la substitution des revenus des hydrocarbures» et de rompre avec «le modèle de croissance en place depuis plusieurs décennies». Pour le FCE, le redressement de l'économie ne peut se faire par des «mesures conjoncturelles», mais plutôt via une restructuration profonde de l'économie. Une démarche qui remet à plat la structure de l'industrie et du commerce extérieur et ouvre la voie à la diversification de l'économie nationale, en ciblant les secteurs ou les branches à fort potentiel commercial et technologique ou ayant un impact décisif sur la compétitivité des entreprises pour concurrencer les importations et augmenter les exportations. Le FCE rappelle qu'il a déjà eu à s'exprimer sur ce sujet à travers notamment la formulation, en 2012, des «50 propositions du FCE», estimant qu'il est urgent aujourd'hui de se pencher sur «la nécessité de réformes structurelles ayant des incidences sur les niveaux de performance microéconomique et ne pas se limiter aux objectifs macroéconomiques qui ont longtemps occulté les vrais problèmes de compétitivité de notre économie». L'étude, présentée hier au cours d'une conférence à Alger, vise, selon le FCE, à «formuler des recommandations solides, faisables et réalistes et susceptibles de provoquer des décisions courageuses et irréversibles». En termes de stabilisation du cadre macroéconomique, le FCE estime qu'il est nécessaire de diversifier les sources de financement des infrastructures, consolider l'investissement dans les infrastructures par le recours à la délégation de services prévue dans le nouveau code des marchés qui ne grève pas le budget de l'Etat. Il préconise également d'assurer la coordination des politiques macroéconomiques entre elles, mais aussi avec les politiques industrielle et commerciale pour déterminer par exemple «jusqu'où peut aller la dévaluation du dinar sans blesser la compétitivité des entreprises». Les recommandations du FCE en termes de transformations structurelles visent, par ailleurs, à réduire les rigidités du marché du travail pour faciliter la mobilité des ressources et libérer l'investissement en menant notamment une politique résolue d'attraction des IDE. En termes de politiques sectorielles, il s'agit, selon l'étude du FCE, d'exploiter avantageusement, d'une part, la dotation du pays en ressources naturelles notamment les hydrocarbures et le phosphate et, d'autre part, la compétitivité du coût salarial unitaire dans l'industrie manufacturière nationale. Il s'agit aussi d'appuyer le développement de la pétrochimie et la valorisation du phosphate pour amorcer rapidement le processus de diversification des exportations. Concernant les industries manufacturières, le FCE recommande d'élaborer une stratégie de développement de chacune des filières porteuses de potentiel d'exportation. Une révision du programme de mise à niveau pour y inclure un segment dédié à la modernisation des entreprises exportatrices ou ayant le potentiel d'exporter est également suggérée ainsi qu'une révision du dispositif dit CKD/SKD pour le prolonger par une politique de soutien à l'exportation des grandes entreprises émargeant à ce dispositif et ayant atteint un niveau significatif d'intégration.