Les cours du pétrole ont terminé en hausse au terme de la réunion qui a regroupé les pays membres de l'organisation et la Russie. Jusqu'au bout du suspense, le baril aura tenu en haleine, places boursières mondiales et experts internationaux. Paris, Londres, Francfort,Wall Street...s'affichaient en hausse. «Les marchés européens sont bien orientés grâce à un mieux du côté des prix du pétrole, les investisseurs espérant que la réunion de l'Opep à Alger permettrait d'aboutir à un compromis», indiquait Rebecca O'Keeffe, analyste chez Interactive Investor. Tandis que les spécialistes espéraient que la réunion d'Alger ne se termine pas en queue de poisson. «Ce que l'on peut espérer de mieux, c'est que les membres de l'Opep avancent dans leurs discussions pour qu'ils trouvent un accord la prochaine fois, quand l'Iran aura atteint une production de 4 millions de barils», espérait Stephen Brennock. Le sommet de l'Opep d'Alger allait-il être sanctionné par une décision importante, un signal fort qui ferait frémir le marché? Gel ou baisse de la production? Une décision médiane qui serait entérinée lors de la réunion qui doit se tenir en novembre à Vienne? Que vont décider le cartel et la Russie? Les bruits de coulisses que nous avons pu collecter juste avant le début de la réunion lassaient entendre que l'Iran ne ferait pas de concession. Téhéran tient dur comme faire à retrouver son niveau de production d'avant les sanctions qui l'ont frappée dans le bras de fer qui l'avait opposée aux puissances occidentales (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne) concernant le développement de son programme nucléaire controversé. Soit augmenter sa production à 4 millions de barils. «Atteindre un accord en deux jours ne figure pas sur notre agenda», avait déclaré, mardi, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh, laissant ainsi planer un doute sur un éventuel accord d'un gel de la production dès cette réunion. L'Algérie ne l'a pas entendu de cette oreille. «Il faut agir sur l'offre pour pouvoir 'restabiliser'' le marché, plombé depuis plus de deux ans par une production excédentaire», a déclaré le ministre algérien de l'Energie, Nourredine Bouterfa, lors d'une conférence de presse qui a clôturé la 15ème session du Forum international de l'énergie. «Ce marché de l'énergie a besoin d'être un peu régulé... La loi de l'offre et de la demande ne s'applique pas de manière rationnelle. Aujourd'hui, on ne peut pas évoluer de manière erratique parce que quand on évolue de manière erratique, il n'est pas possible de préparer l'avenir», a-t-il ajouté soulignant son inquiétude concernant la chute des investissements dans le secteur pétrolier en raison de la faiblesse des cours. «Investir à moins de 50 dollars n'est pas possible», a-t-il précisé. «Est-ce que finalement cette situation ne va pas créer une autre situation encore plus complexe dans les années à venir?» s'est-il interrogé pour conseiller: «D'où l'intérêt de tous les pays de trouver un compromis.» Est-ce le cas? «C'est clair que d'un point de vue théorique, l'intérêt général, tout le monde le soutient. Et puis à partir d'un moment, on revient aux intérêts particuliers, et là ça devient un peu plus complexe», reconnaît Nourredine Bouterfa. Un aveu pratiquement de la difficulté à parler d'une seule voix. Les dissensions au sein du cartel sont nettes. Son efficacité pour juguler la dégringolade des prix du pétrole prend du plomb dans l'aile. Pendant ce temps-là, le baril ouvrait en hausse tablant sur une baisse des stocks de pétrole américains tout en tendant une oreille à la réunion d'Alger. Vers 10h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 46,25 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 28 cents par rapport à la clôture de mardi. Aux environs de 13h30, le cours du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, prenait 49 cents à 45,16 dollars sur le contrat pour livraison en novembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). Un peu plus tard, le rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie, Doe, faisait état d'une baisse inattendue des réserves américaines de l'ordre de 1,9 million de barils par jour. Ce qui ne les empêche pas de rester à un niveau historiquement élevé. D'où la nécessité pour l'Opep d'agir vite et de passer à la vitesse supérieure pour éviter au baril un éventuel plongeon. Et à la situation financière de ses pays membres un point de non-retour. La première a été enclenchée à Alger.