Cet échange épistolaire est sans doute l'un des rares épisodes sensés dans le feuilleton politico-médiatique où l'on a frôlé l'hystérie. La solidarité gouvernementale dont bénéficie la ministre de l'Education nationale a été réaffirmée par le Premier ministre, dans une réponse à une question écrite adressée par le député islamiste Hassan Laribi. «L'élaboration des livres de deuxième génération a été faite dans la transparence avec de surcroît une large concertation et une implication des compétences nationales», a écrit Abdelmalek Sellal. Dans son courrier au Premier ministre, l'élu islamiste a remis en question ce qu'il a appelé «la méthode Benghebrit». Hassan Laribi, à l'origine de la polémique sur la prétendue implication d'experts français dans la réalisation des manuels scolaires, a axé sa lettre sur cet aspect des choses. On se souvient que les accusations du député ont servi de prétexte pour les formations islamistes qui ont mené une féroce campagne politico-médiatique contre la ministre de l'Education nationale. Les explications de Benghebrit n'ayant apparemment pas suffi, la réponse du Premier ministre vient confirmer les propos de la première responsable du département de l'Education nationale. «Les concepteurs des nouveaux programmes, en l'occurrence les membres de la Commission nationale, n'étaient pas associés aux rencontres qui ont eu lieu avec les experts étrangers», a assuré Sellal, comme pour signifier qu'il n'y a eu aucun contact entre les experts français incriminés et les cadres algériens chargés de la confection des manuels scolaires de deuxième génération. Les rencontres décriées par le député Hassan Laribi ont concerné principalement «la coopération bilatérale et des échanges d'expériences dans le domaine de l'éducation», a précisé le Premier ministre. Abdelmalek Sellal rassure donc le député islamiste sur le souci de l'Etat à ne pas confier ce genre de mission à des experts étrangers, d'autant que le pays dispose des compétences à même de concevoir des manuels scolaires, conformes aux principes pédagogiques et soucieuses de l'intérêt national en la matière. Cet échange épistolaire sur la question de la réforme scolaire de deuxième génération est sans doute l'un des rares épisodes sensés dans le feuilleton politico-médiatique où l'on a frôlé l'hystérie dans les milieux islamistes. Même l'Association des oulémas algériens a été convoquée par les partis islamistes, dans le but de chahuter la démarche de la ministre de l'Education nationale. Il faut dire que l'Education nationale a été le théâtre d'une âpre bataille idéologique menée férocement par tous les démembrements de la nébuleuse islamiste en Algérie. Depuis les partis représentés à l'APN, jusqu'aux pages Facebook, en passant par certains personnages connus pour leur radicalisme, la sphère intégriste s'est acharnée pour stopper la dynamique des réformes. Ces derniers jours, les choses semblent s'être calmées et la réponse du Premier ministre à l'interpellation écrite de Hassan Laribi devrait confirmer la victoire de la République sur la question de la réforme de l'éducation.