Après d'une semaine de la rentrée scolaire, les milieux conservateurs et islamistes rouvrent les hostilités contre la ministre de l'Education nationale et les réformes engagées à l'école, qu'ils considèrent attentatoires aux «constantes nationales». Malgré les assurances données par Mme Benghebrit et ses appels répétés au dialogue, des milieux islamistes menacent carrément de mobiliser la rue pour faire barrage à la modernisation du système scolaire. Menaces de sortir dans la rue, communiqués au vitriol et coups tordus : à quelques jours de la rentrée scolaire, les opposants à la réforme de l'école redoublent de férocité. Ils ne se limitent pas à la critique du contenu réel des réformes, mais ils s'attaquent, de manière virulente, à la personne de la ministre de l'Education nationale qui représente, aux yeux de beaucoup d'entre eux, l'opposé de ce qu'ils espèrent pour l'avenir de l'école algérienne. Après les attaques des partis islamistes traditionnels et diverses associations – dont le Syndicat des imams – le prédicateur salafiste Abdelfattah Hamadache Zeraoui a posté une vidéo sur les réseaux sociaux pour s'en prendre à la ministre «qui ne fait pas partie de nos valeurs» et menacer le gouvernement de «faire sortir les Algériens dans la rue» si le nouveau programme scolaire, qui entre en vigueur dès la semaine prochaine, n'est pas retiré. «Ou vous retirez cette réforme ou nous allons mobiliser la population et les associations pour le soutien à la langue arabe», a-t-il dit. Pour le cheikh autoproclamé, le contenu du programme dit de nouvelle génération, est «un programme français». Il pense que le contenu de la réforme – tout comme la ministre elle-même – est «opposé aux valeurs de la société algérienne». Plus grave, alors que le contenu des programmes n'est pas rendu public, l'Association des oulémas a adressé une lettre au chef de l'Etat pour s'inquiéter des «valeurs» de la société algérienne. Une inquiétude qui a poussé la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, à adresser un message aux «oulémas» à l'occasion de la tenue de leur université d'été. Elle a notamment rappelé que contrairement aux rumeurs entretenues par «les tenants de l'immobilisme», ni l'éducation islamique ni la langue arabe ne seront retirées des programmes scolaires ou de l'examen du baccalauréat. Une assurance qui a déjà été donnée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors d'une réponse écrite à un député islamiste qui se plaignait des nouvelles réformes. Malgré la réponse pourtant explicite de Sellal, le parlementaire, très polémique, ne décolère pas. Hacen Aribi, député proche de Abdallah Djaballah, multiplie, en effet, les sorties médiatiques pour s'en prendre à Nouria Benghebrit. A l'unisson, tout ce que compte le pays comme conservateurs s'est ligué contre Nouria Benghebrit. Y compris dans la presse arabophone. En revanche, pour les partis laïques qui portent pourtant des projets proches de celui de la ministre de l'Education nationale, c'est le silence gêné. Le RCD et le MDS ont tenté d'évoquer le sujet dans quelques-unes de leurs communications. Sans plus. Dans la corporation, la majeure partie des syndicats semble soutenir la réforme de la ministre de l'Education nationale. Il en est de même pour les associations de parents d'élèves. Il reste maintenant à savoir si les autorités politiques, à commencer par le chef de l'Etat et le Premier ministre, résisteront aux assauts de ces empêcheurs de tourner en rond !