Alep et le printemps arabe Tour à tour, il a été question de «barbarie», de «crimes de guerre», de «crimes contre l'humanité» et autres commentaires orientés. Ce branle-bas de combat a eu lieu juste après que les Etats-Unis aient annoncé la suspension des pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie. Après le déluge de mots plus acrimonieux les uns que les autres, pour «exiger» de la Russie qu'elle se plie aux injonctions de la coalition internationale en préservant la nuisance des quartiers rebelles à Alep, voilà que le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a agité à son tour, hier, la «tragédie» des groupes encerclés comme Fath al Cham (ex Front Al Nosra, proche d'Al Qaïda) pour plaider la limitation «sans délai» du droit de veto des cinq membres permanents du Conseil de sécurité. «Je suis fermement convaincu (...) que le Conseil de sécurité des Nations unies devrait, sans délai, adopter des critères pour empêcher ses membres d'utiliser leur veto lorsqu'il existe des préoccupations graves quant à de possibles crimes de guerre, crimes contre l'humanité ou génocide», a déclaré M.Zeid, dans un communiqué, cité par des médias. Chiche! On verrait enfin, après des décennies de veto des Etats Unis pour épargner à Israël des centaines de condamnation sans équivoque pour ses innombrables exactions au détriment du peuple palestinien, une résolution de l'Onu validée. Mais ne rêvons pas et soyons sérieux. Une telle envolée, presque lyrique si elle n'était pas risible, a au moins le mérite de montrer clairement dans quel sens doit souffler le vent pour certaines capitales occidentales et vassales. Les membres du Conseil ayant un droit de veto sont les cinq permanents: Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France. On devine aisément qui seront surtout visés par la mesure que préconise Zeid Raad Al Hussein qui parle même de «renvoyer la situation en Syrie devant la Cour pénale internationale» grâce à cette «initiative cruciale». Sans crainte du ridicule, il considère qu'«un tel renvoi serait plus que justifié au regard de l'impunité endémique et profondément choquante qui caractérise le conflit et de l'ampleur des crimes commis, dont certains pourraient constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité». L'idée n'est pas neuve, elle a déjà été avancée par la France qui ne sait plus quels moyens de rétorsion utiliser contre Moscou et Vladimir Poutine, les sanctions de l'UE dans l'affaire de l'Ukraine s'étant révélées vaines et l'annulation du contrat sur les porte-avions ayant été un flop contre-productif. Tour à tour, il a été question de «barbarie», de «crimes de guerre», de «la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue» et autres commentaires orientés. Ce branle-bas de combat a eu lieu juste après que les Etats-Unis aient annoncé la suspension des pourparlers avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie, prenant prétexte de la «destruction du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep», dans un bombardement aérien indéterminé. Occultant les frappes américaines qui ont tué 90 soldats de l'armée syrienne, voici quelques jours, une «erreur» selon Washington, le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest a ajouté qu'«il n'y a plus rien dont les Etats-Unis et la Russie puissent parler» à propos de la Syrie. Moscou a bien sûr ́ ́regretté ́ ́ cette décision mais les stratèges militaires russes ont répliqué en citant point par point les manquements américains aux termes de l'accord et leur ́ ́duplicité ́ ́ dans la quête d'une paix véritable en Syrie. La rupture n'est pas consommée puisque les deux grandes puissances vont poursuivre les échanges d'information pour éviter des incidents entre leurs avions dans le ciel syrien. La Russie s'est félicitée de la «grande efficacité» de ses frappes, tout en démentant la moindre attaque contre l'hôpital M10 d'Alep, où les raids ont fait trois morts, et elle a rappelé par la voix du vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, que l'intervention des forces aériennes russes aura permis d'»éviter un chaos absolu» en Syrie. Non loin de Damas, c'est une autre offensive qui se prépare pour déloger les forces «rebelles» de la ville de Douma où elles ont déjà perdu un terrain considérable au cours des derniers mois. L'armée syrienne n'est plus qu'à trois km de l'entrée de cette ville. Pendant ce temps, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est penché sur un projet français de résolution, soutenu par la Grande- Bretagne, pour un cessez-le-feu à Alep. Projet dont l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a affirmé qu'il n'avait «aucune chance de fonctionner». Mais voilà que le secrétaire d'Etat John Kerry a mis, hier, un bémol à la frénésie anti- russe.»Nous n'abandonnons pas la poursuite de la paix, nous allons continuer à chercher à avancer pour mettre fin à cette guerre», a-t-il surenchéri dans un discours à Bruxelles. «Nous n'avons pas suspendu les efforts entre nos militaires et l'armée russe, de façon à renforcer notre combat contre Daesh. Et, comme auparavant, nous allons continuer à rechercher une cessation durable des hostilités à travers tout le pays, qui inclut le maintien au sol des avions de combat russes et syriens dans des zones désignées». Sergueï Lavrov qui a eu droit, un mois durant, à maintes volées de bois vert, va sans doute apprécier...