L'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, éprouve beaucoup de difficultés à relancer les pourparlers entre les belligérants syriens L'émissaire de l'ONU pour la Syrie devait rencontrer des représentants des Etats-Unis et de la Russie pour évoquer le conflit hier à Genève (Suisse), au lendemain de bombardements meurtriers près d'Alep. Cette récurrence des combats fait craindre une aggravation de la crise humanitaire. Moscou, allié du gouvernement syrien, et Washington, qui soutient la rébellion, se sont mis d'accord sur une coopération accrue et des «mesures concrètes» destinées à sauver la trêve en Syrie et à combattre les jihadistes, notamment ceux du groupe Etat islamique (EI) et du groupe al-Nosra (branche syrienne d'Al Qaîda). Mais ce projet, qui pourrait comprendre une coopération entre les militaires américains et russes sur place, suscite le scepticisme d'un certain nombre de responsables à Washington, réticents à partager avec Moscou des renseignements sur la Syrie. Et le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a jugé lundi que la Russie était encore «loin» des positions des Etats-Unis sur un certain nombre de dossiers, dont la mise en place d'une transition politique et le ciblage non pas de l'opposition dite «modérée», mais des «extrémistes». Hier, les chefs de la diplomatie américaine John Kerry et russe Sergueï Lavrov devaient également se rencontrer au Laos, en marge d'une rencontre des pays d'Asie du Sud-Est (Asean). De son côté, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura espère relancer des pourparlers de paix en août, après l'échec de deux sessions de négociations cette année. Face à la situation humanitaire dramatique dans les quartiers rebelles d'Alep, la grande ville du Nord, assiégés par l'armée syrienne, l'ambassadeur de France à l'ONU a appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, après le bombardement de quatre hôpitaux et d'une banque de sang par les gouvernementales. «Le Conseil de sécurité ne peut pas accepter que ces crimes de guerre - oui, des crimes de guerre - se répètent», a lancé François Delattre. L'ONU a de son côté réclamé une trêve humanitaire de 48 heures chaque semaine pour ravitailler les civils pris au piège à Alep. Les quartiers rebelles de la deuxième ville de Syrie sont totalement assiégés depuis le 17 juillet par les forces armées syriennes, aggravant la situation humanitaire pour leurs plus de 200 000 habitants. Aucune aide de l'ONU n'a pu entrer dans ces secteurs depuis le 7 juillet. Le ravitaillement en nourriture des habitants des quartiers «risque de se tarir dès la mi-août», a averti lundi le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien. Lundi, 12 civils ont été tués dans des zones rebelles d'Alep par des barils d'explosifs largués par l'armée, et 10 autres à Atareb, à l'ouest de la ville, dans des bombardements «menés vraisemblablement par les avions russes a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande- Bretagne). Moscou a lancé en septembre 2015 une campagne aérienne pour soutenir les forces armées syriennes, alors en difficulté. Divisée depuis 2012 entre des quartiers ouest tenus par l'armée nationale syrienne et des quartiers est contrôlés par des rebelles, l'ex-capitale économique de Syrie est l'une des villes les plus touchées par la guerre. A Damas, un attentat à la voiture piégée a fait «plusieurs blessés» lundi soir à Kafar Soussé, un quartier moderne et huppé, selon l'agence Sana. Kafar Soussé a été également parmi les quartiers de la capitale où des manifestations ont eu lieu en 2011.