15.000 Algériens continuent à vivre dans ce territoire français d'outre-mer. Tayeb Aïfa, dit le «calife», maire de la ville calédonienne de Bourail, Abdelkader Boutenache, président de l'association des Arabes de Nouvelle-Calédonie et Christophe Sand, trois descendants d'Algériens exilés ou déportés en Nouvelle-Calédonie, ont été accueillis, hier à l'aéroport d'Alger. Larmes aux yeux, ils ont foulé le sol de leurs grands-pères avec émotion. Si pour les deux premiers qui sont déjà venus auparavant en Algérie, il s'agissait de retrouver encore une fois leur pays d'origine, pour Christophe Sand, archéologue, c'était la première fois qu'il reprenait le fil rompu depuis la fin du XIXe siècle. La France coloniale déportait, dès la fin de l'époque 1870 et l'insurrection d'Al Mokrani, insurgés, prisonniers et éléments dangereux en Nouvelle-Calédonie, Madagascar, Guadeloupe et autres Dom-Tom français. Des milliers d'Algériens se sont ainsi trouvés prisonniers de cet exil forcé et éloigné de leur pays natal de plusieurs milliers de kilomètres sans espoir de retour. De son côté, M.Aïfa a souligné «le côté émotionnel qui prend le dessus du fait de l'accueil chaleureux», dit-il, qui leur a été réservé «aussi bien ici qu'à Paris par les représentants de l'ambassade d'Algérie en France». «Il est certain que notre séjour en Algérie sera chargé d'émotions», a-t-il ajouté, en remerciant «le très grand nombre d'Algériens vivant en Algérie et à travers le monde qui ont écrit des lettres à l'association, après la diffusion du documentaire par la télévision algérienne consacré aux Algériens de Nouvelle-Calédonie en décembre dernier». «Nous avons reçu près de 1500 lettres et nous allons répondre à tous ceux qui nous ont écrit», assure-t-il, précisant que «ce déplacement en Algérie nous permet de nous réconcilier avec l'histoire». L'APS a indiqué qu'il a ajouté que les Algériens vivant en Nouvelle-Calédonie sont estimés à quelque 15.000 personnes, relevant qu'ils sont déjà à la 5e génération. Pour sa part, M.Sand, descendant d'un Algérien déporté par l'administration coloniale à partir du port d'Alger en 1876, a déclaré avec émotion qu'en arrivant à l'aéroport d'Alger, il a «un peu vécu le contraire du voyage» qu'avait fait son arrière-grand-père, estimant que «cela est douloureux». Il a fait savoir, lui un Algérien de Nouvelle-Calédonie de la 4e génération, que «dans la famille, on ne nous parlait pas de ce pan douloureux de l'histoire de nos arrière-grands-parents», ajoutant avoir découvert «cette histoire dans les archives coloniales françaises». «Aujourd'hui, c'est un retour au pays non pas sur du papier, mais dans la réalité», a-t-il dit les larmes aux yeux. Pour sa part, M.Boufenache a indiqué que les Algériens de Nouvelle-Calédonie sont restés fidèles aux traditions algériennes.