Une scène du film maltais «Simshar» de la réalisatrice Rebecca Cremona Le public annabi a pu apprécier samedi deux longs-métrages, l'un algérien «Chronique de mon village» de Karim Traïdia et «Simshar», poignant film maltais de Rebecca Cremona. Après le navrant et lamentable ratage de Djamel Aziz avec son «Tableau troué», l'Algérie est entrée à nouveau en lice pour le Annab d'or avec le long métrage «Chronique de mon village» de Karim Traïdia. Projeté au théâtre régional de Annaba, Azzedine Medjoubi, cette fiction, inspirée de l'enfance même du réalisateur a pour cadre la région de Besbas à Annaba en 1960. Bachir a 9 ans et rêve de devenir fils de chahid (martyr) car «les fils de chahid auront tout à l'indépendance». Il met en place un plan qui le débarrassera de son ami François, l'ennemi de son pays et de son père Saddek qui ne lui sert à rien car il les a abandonnés à leur sort, sa mère, ses frères et lui...Dans cette comédie dramatique, l'enfant qui rêve de devenir fils de chahid est balloté entre l'école, ses chamailleries avec son camarade, ses tracasseries familiales la maison, en passant par la montagne où vit son père qu'il n'aime pas, sa fausse amitié pour l'ennemi qu'est ce jeune Français qui lui donne de l'argent pour que sa mère lui lave son linge et enfin Tchicha, cet homme naïf qui rêve à son avenir paisible post-indépendance grâce à ses économies qui lui permettront d'acheter des poules et des coqs et agrandir sa ferme. Des rêves pieux à l'orée de l'indépendance. En effet, la guerre qui touche à sa fin, n'est pas le principal moteur de ce film même si elle est bel et bien présente sous le visage du soldat de l'armée coloniale et du traître, sans oublier son penchant socio-économique à travers le visage de la population algérienne, flanquée d'une représentation pauvre mais toujours digne et forte. Il est d'autant plus remarquable grâce au jeu de la célèbre comédienne tunisienne Fatma Ben Saâdane qui insuffle dynamisme et énergie à ce film, elle qui joue le rôle pourtant de la grand-mère mais de quelle manière! En crevant l'écran! Si la narration pèche par une certaine faiblesse au niveau du montage et la lenteur surtout du rythme de son agencement par moment, il y a cette fantaisie et cette audace au niveau du scénario, notamment à travers la figure de la grand-mère qui assure au film son trop-plein de sincérité et de plaisir au public. Racontée presque comme une fable, Karim Traïdia n'omet pas pour autant de glisser une fin plutôt triste des plus inattendues comme symbole d'une désillusion quant à l'avenir hypothétique du pays. L'autre film qui a attiré l'attention est le film maltais «Simshar» de la réalisatrice Rebecca Cremona. C'est son premier long-métrage. Inspiré d'une tragique histoire vraie, ce drame humain et politique nous fait vivre de très près le naufrage d'un petit bateau de pêche, le Simshar, mais aussi les mésaventures d'un navire de réfugiés et ce entre l'Ile de Lampedusa et Malte. La où se noient beaucoup de clandestins en mer, qui viennent principalement d'Afrique. Porté par le grand comédien tunisien Lotfi Abdelli (Makinf og, le cochon de Ghaza), ce film toujours d'actualité évoque aussi la responsabilité des autorités à prendre en charge ce flux des migrants. Faut-il s'en occuper ou détourner le regard. Si oui comment? Ce film repense le vivre ensemble, entre hommes de couleurs et de religions différentes et les met face à eux-mêmes devant leur destinée, entre bonheur et malheur, en tenant en haleine les spectateurs jusqu'à la fin. Un film à la fois beau et dramatique, dont la mer demeure le seul héros, imbu de pouvoir, car elle seule peut te donner, te nourrir et puis prendre ta vie.