Des jeunes qui tentaient de voler le portefeuille d'un client sont pris la main dans le sac. Le crime avait mis en émoi toute la population de Hassi Bounif qui avait assisté en cette journée de Ramadan à une agression pour vol suivie d'assassinat commis de sang froid. Houari est connu pour être quelqu'un de peu recommandable et les commerçants qui avaient l'habitude de se disputer les étals du marché de Hassi Bounif en savent quelque chose. A la tête d'une bande de malfaiteurs, il faisait régner la loi dans les lieux, sa loi faite d'argent soutiré aux pauvres marchands qui venaient exposer leurs galettes ou leurs bottes de fines herbes, et de vols commis contre une clientèle venue des quatre coins de la wilaya, par des délinquants qu'il faisait marcher à la baguette. C'était le 31 décembre 2003, le marché battait son plein et la clientèle, assommée par les effets d'une journée de jeûne, vaquait à ses achats. Soudain, une dispute éclate. Des jeunes qui tentaient de voler le portefeuille d'un client sont pris la main dans le sac. La victime tente de les corriger à sa manière mais finit par être submergée par leur nombre. Armés de couteaux et de gourdin, ils tentèrent de lui faire payer l'affront qu'il leur avait fait subir. Un jeune homme, Mohamed, qui passait par là s'interpose et porte secours à son voisin qui se faisait agresser par une bande de voyous excités. Quelques clients téméraires séparent les «belligérants» et tout semble rentrer dans «l'ordre». Houari se fait un malin plaisir de le suivre dans le marché et de guetter ses moindres faits et gestes pour lui faire payer le fait d'avoir osé porter secours à une victime que ses éléments avaient entrepris de voler. Il le coince dans un étal alors qu'il portait deux couffins. Cette posture le rendait vulnérable. Il fondit sur lui et lui asséna un violent coup de couteau à la poitrine. Puis, d'autres coups lacérèrent le corps de Mohamed qui mourut en poussant un hoquet qui résonne encore dans les oreilles de ceux qui avaient assisté, médusés, à la scène bien avant l'arrivé des secours. Arrêtés quelques jours plus tard, Houari et ses protégés se sont retrouvés écroués au grand bonheur des habitués du marché de Hassi Bounif. La bande a comparu samedi devant le tribunal criminel d'Oran. Leurs avocats tentèrent de semer le doute dans l'esprit de la cour en plaidant pour Houari la légitime défense et pour les autres, la relaxe, «car mes clients n'étaient pas présents au moment des faits sur les lieux», dira l'un des avocats qui précisera que le fait de ne pas retenir de délit d'association de malfaiteurs pour ses clients, lui donnait la possibilité de demander la relaxe pure et simple pour ses mandants. Houari tentera d'exploiter la brèche préparée par son avocat en plaidant la légitime défense mais les témoins présents à la barre, les rapports de l'enquête de la gendarmerie, ses antécédents judiciaires et la nature des coups portés à sa victime, sont des preuves à charge. Le représentant du ministère public insistera sur le caractère odieux du crime pour requérir la peine maximale pour l'ensemble des éléments de la bande. Au terme des délibérations, Houari fut déclaré coupable de meurtre avec préméditation et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité alors que les 4 autres accusés écopèrent tous d'une année de prison ferme pour non-assistance à personne en danger.